LA UNE

Burundi : un hippopotame tué sur la route, sa viande finit dans les casseroles - IRIS NEWS

Lievin Niyogusengaavril 15, 2025
Hippopotames

Un accident de la route survenu dans la nuit du 13 avril 2025 à Kiyange au nord de Bujumbura, a mis fin à la vie d’un hippopotame. Sa carcasse a ensuite été transformée… en viande de consommation. Ce fait divers, à la fois tragique et révélateur, met en lumière une cohabitation de plus en plus complexe entre les communautés humaines et la faune sauvage au Burundi.

L’hippopotame, emblème des écosystèmes aquatiques africains, est devenu au fil du temps à la fois victime et menace dans les zones riveraines du lac Tanganyika.

Présents en grand nombre au Burundi, notamment dans les eaux du Tanganyika, de la rivière Rusizi, mais aussi dans les lacs de Kirundo, Kanyaru ou encore Malagarazi, ces grands herbivores voient leur habitat naturel progressivement bouleversé. Les crues inhabituelles des dernières années, en particulier sur les rives du Tanganyika, ont provoqué une montée des eaux qui a « émancipé » les animaux hors de leurs zones naturelles.

Résultat : les hippopotames s’aventurent de plus en plus près des habitations humaines, parfois jusque dans certains quartiers de Bujumbura, suscitant l’inquiétude — et parfois la panique — des riverains.

« L’hippopotame tué dimanche provenait vraisemblablement de la zone de Kibase, au nord-ouest de Bujumbura, où l’on observe régulièrement la présence de ces animaux », indique un écologiste local. « Il a été percuté par un véhicule de type Ractis alors qu’il tentait de traverser la route, un scénario tristement devenu banal dans la région. »

Après l’accident, la carcasse de l’animal a été surveillée toute la nuit par des militaires, avant l’intervention, au petit matin, de l’Office burundais de protection de l’environnement (OBPE). L’institution, chargée de la gestion de la faune sauvage, a pris une décision de mettre en vente la viande de l’hippopotame, à raison de 25 000 francs burundais le kilo selon des témoins sur place.

Victimes des deux côtés

La cohabitation est loin d’être pacifique. En 2019, l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) rapportait que dix personnes avaient été tuées par des hippopotames, contre sept hippopotames tués, dont quatre par des militaires.

Le phénomène n’est pas isolé au Burundi. En RDC, dans la vallée de la Rusizi, de l’autre côté de la frontière, au moins dix hippopotames ont été abattus entre mars et début avril 2025, selon des ONG écologistes citées par La Dépêche.

Coexister avec les géants des eaux

Les spécialistes s’accordent sur la nécessité d’une sensibilisation des communautés. Éviter les zones de baignade sans observation préalable, rester à distance des femelles qui viennent de mettre bas, et respecter un espace tampon entre les habitats humains et les cours d’eau sont des conseils de base pour limiter les accidents.

En théorie, l’hippopotame fait partie des espèces protégées au Burundi. Sa chasse, sa détention ou sa consommation sont formellement interdites. Des conventions internationales comme la CITES – signées par le pays – encadrent strictement sa protection.

Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Entre conflits d’usage, méconnaissance des lois et insécurité alimentaire, ces normes peinent à s’imposer. La viande d’hippopotame est parfois perçue comme un « butin » de circonstance, voire une source bienvenue de protéines.

Plus largement, ce nouvel épisode illustre les défis de la conservation dans des contextes de pression foncière, de changement climatique et de vulnérabilité économique. L’hippopotame, géant des rivières et gardien des écosystèmes aquatiques, est aujourd’hui au cœur d’un dilemme entre survie et protection.

 

Lievin Niyogusenga


Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *


A propos de nous

Iris News est un média burundais généraliste avec 6 agrégats éditoriaux qui articulent l’essentiel de son offre d’information : Affaires, Écologie, EAC, Jeunesse, Culture et Sport. Iris News, se définit comme « le média des possibles » destiné à aider les jeunes burundais à façonner un Burundi prospère et respectueux de l’environnement.


CONTACT US