
Deux ans après avoir amorcé un rapprochement diplomatique avec le Qatar, le Burundi s’apprête à concrétiser un pan important de sa coopération bilatérale avec l’émirat : l’exportation de sa main-d’œuvre.
Ce 14 avril 2025, à l’issue d’un entretien à Bujumbura avec son homologue qatari, Dr Ali Bin Samikh Al Marri, le ministre burundais du Travail et de l’Emploi, Vénuste Muyabaga, a confirmé que la mise en œuvre de l’accord bilatéral signé le 7 mars 2024 est désormais en bonne voie. « Le Qatar accueillera bientôt des travailleurs burundais. Les employés burundais sont très appreciés parce qu’ils sont très utiles et surtout bosseurs », a-t-il déclaré à la presse.
Une dynamique lancée à Doha en 2023
Le texte encadrant ce partenariat a été signé en mars 2023, en marge de la cinquième Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA), tenue à Doha. À cette occasion, le président burundais Évariste Ndayishimiye s’était entretenu avec l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, autour des axes de renforcement de la coopération entre les deux pays. Deux jours plus tard, un accord bilatéral sur la régulation de l’emploi de travailleurs burundais au Qatar était paraphé.
Réduire le chômage, renforcer la coopération
Selon Vénuste Muyabaga, cet accord représente une opportunité concrète pour lutter contre le chômage qui frappe une large frange de la jeunesse burundaise. « Des experts des deux pays se rendront bientôt sur le terrain afin d’élaborer une feuille de route pour le déploiement des travailleurs burundais vers le Qatar », a-t-il ajouté.
Mais une zone d’ombre persiste : quelles catégories de travailleurs seront concernées ? Une question sensible, surtout dans un contexte où plusieurs accords similaires ont déjà permis à des Burundaises de décrocher des emplois peu qualifiés dans certains pays arabes, souvent dans des conditions sujettes à controverse.
En août 2023, le ministre des Affaires étrangères, Albert Shingiro, avait défendu cet accord au Sénat. Les sénat s’étaient alors interrogés sur les véritables retombées de ces partenariats pour le Burundi.
Le ministre de la Coopération au développement avait tenté de rassurer : depuis la ratification de l’accord avec Riyad, plus de 1 400 travailleurs burundais ont été officiellement engagés, s’ajoutant à plus de 6 000 déjà présents dans le royaume, mais désormais encadrés par ce cadre juridique.
Des promesses… à concrétiser
Avec le Qatar, Bujumbura espère reproduire ce modèle, tout en tirant davantage profit de cette coopération. Si les intentions affichées sont prometteuses, la réussite de cette initiative dépendra largement de sa mise en œuvre concrète et de la protection effective des droits des travailleurs envoyés dans le Golfe.