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Burundi – Quand le basketball flirte avec la haine - IRIS NEWS

Guillaume Muhozaavril 17, 2025
Dynamo vs Urunani

C’était censé être un match de basketball. Un moment de sport, de ferveur, de rivalité saine entre deux géants du parquet burundais : Dynamo BC et Urunani BBC. Mais le 13 avril dernier, sur le terrain dit « Département », à Bujumbura, c’est un autre spectacle qui a failli voler la vedette au jeu : celui d’une rivalité poussée à outrance, qui s’invite en lettres majuscules sur une banderole déployée dans les tribunes. Des chiffons de haine dans un parquet de sport.

La réaction de la Fédération de Basketball du Burundi (FEBABU) n’a pas tardé. Dans un communiqué officiel publié ce 17 avril, son président, Claver Hacimana, dénonce sans détour un acte « contraire aux valeurs fondamentales du sport » et annonce des sanctions. Les auteurs sont identifiés. La sentence tombera. Et c’est tant mieux. Car il ne s’agit plus seulement de basketball, mais bien d’un enjeu de société : celui de préserver un espace commun, un terrain de jeu, de toutes formes d’anti fair-play.

Des mots qui blessent, des symboles qui divisent

Car ce ne sont pas de simples mots que la FEBABU entend interdire. C’est un imaginaire. Celui véhiculé par des termes aussi toxiques que « imikubi », « urumogi » ou encore « gahini » – autant d’insultes qui, dans un pays marqué par des blessures profondes, ont un poids que les tribunes, justement, devraient alléger plutôt qu’alourdir.

En pointant la responsabilité des supporters, mais aussi celle des clubs, des journalistes, des vloggeurs et autres influenceurs, la Fédération élargit le spectre. Le sport n’est pas un îlot isolé de la société. Il en est le miroir grossissant. Ce que l’on crie dans les gradins aujourd’hui, c’est ce qui se murmure dans les cafés, ce qui se like sur Facebook, ce qui s’insinue dans les conversations de tous les jours.

Un code d’éthique pour un sursaut

La Federation promet egalement de mettre en place un Code d’éthique des supporters c’est une initiative salutaire. Reste à savoir si elle saura être autre chose qu’un texte de plus. Car en la matière, l’enjeu est autant culturel que réglementaire. Le vivre-ensemble, au Burundi comme ailleurs, ne se décrète pas par circulaire. Il se construit, patiemment, à coups d’exemplarité, d’éducation, de refus du silence complice.

Dans ce contexte, la réaction de la FEBABU mérite d’être saluée pour avoir pris aussi nettement position contre les dérives dans ses tribunes. Il est désormais temps que les clubs suivent. Et que le sport burundais, dans toutes ses disciplines, se donne les moyens de devenir ce qu’il promet d’être : un levier de cohésion nationale.

Car le Burundi a trop souvent vu ses passions collectives – qu’elles soient politiques, sociales ou religieuses – être détournées en haines mimétiques. Le basketball, sport d’adresse et d’intelligence collective, mérite mieux. Il peut être un antidote. À condition que chacun joue sa partition, dans le respect du jeu, de l’adversaire, et surtout de la dignité humaine.

 

Guillaume Muhoza


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