![Steve Cédric Bizimana](https://irisnews.org/wp-content/uploads/2025/01/Steve-Cédric-Bizimana.jpeg)
Souvent mystérieux pour certaines personnes, les systèmes électoraux présentent un grand intérêt pour tous ceux et celles qui s’intéressent au fonctionnement des gouvernements démocratiques. Les élections constituent une étape cruciale dans le renforcement du principe démocratique. Mais comment se déroule concrètement un scrutin ? Quels sont les différents types d’élections et les règles qui les encadrent ? Une série d’articles, dont celui-ci en est une introduction sommaire, vous propose une plongée au cœur du processus électoral burundais, de ses origines à nos jours. Mais avant toute chose, essayons de répondre à la question suivante : Pourquoi vote-t-on ?
Le vote ; un geste pragmatique
On pourrait évoquer des arguments en rapport avec la démocratie et toutes les théories autour de cette notion. Mais, faisons plus simple, nous votons parce que c’est plus “commode”. Prenons un exemple tout simple, si on devait organiser un référendum à chaque fois qu’une proposition de loi devrait passer, ça coûterait très cher au pays en termes d’argent mais aussi, et surtout, en temps.
Ce qui fait que ce système de gestion des affaires publiques ne serait pas du tout efficace. C’est donc pour cela que nous votons pour avoir des représentant(e)s qui vont faire tout ce travail à notre place. D’où ce qu’on appelle la “démocratie représentative”. Nous utilisons également ce vote comme une récompense ou une sanction envers ces représentant(e)s en fonction de notre appréhension du travail abattu par ces dernier(e)s.
Les élections sont donc un des moyens qui permet aux citoyen(ne)s de participer à la vie politique de leur pays, de choisir et de contrôler leurs dirigeant(e). Néanmoins, il n’existe pas de lien direct entre les élections en soi, d’une part, et le processus de démocratisation, la paix et la sécurité, d’autre part. En d’autres termes, certaines élections permettent d’instaurer la gouvernance démocratique, la paix, la sécurité et la prospérité pour les citoyens. Dans d’autres cas, des élections mal préparées et/ou organisées à un moment peu propice mettent en péril la démocratie et génèrent une instabilité politique qui remet en cause les acquis du développement.
Deux grandes familles de systèmes électoraux
Les systèmes électoraux, à savoir le cadre législatif et réglementaire structurant et organisant les élections, ont une incidence considérable sur de nombreuses facettes du caractère politique d’une société. Ainsi, le comportement des partis politiques et des candidats à des charges électives sera en grande partie conditionné par la structure du système électoral.
En règle générale, il existe deux grandes familles de systèmes électoraux ; (i) le système majoritaire et (ii) le système proportionnel. Le scrutin majoritaire, qui est en usage dans beaucoup de pays et qui est le plus simple à expliquer, permet l’élection d’un(e) candidat(e) à la majorité simple ou absolue à un ou deux tours de scrutin. Il est utilisé pour une élection présidentielle, législative, locale et dans les associations professionnelles et de la société civile. Le scrutin majoritaire peut être uninominal (un seul candidat dans la circonscription) ou plurinominal (plusieurs candidats dans la circonscription). Il est orienté vers le choix d’un ou des individus. En effet, est élu le/a candidat(e) qui a recueilli le plus de voix, comme on le fait à l’école pour élire les délégué(e)s de classe au Burundi par exemple.
La représentation proportionnelle, quant à elle, attribue à chaque parti, coalition ou à chaque groupement d’opinion un nombre de sièges proportionnels à sa force numérique. La représentation n’est pas nécessairement mathématique mais au moins elle est sensiblement proportionnée à son importance électorale réelle. Il existe un nombre de variations propre à permettre l’élaboration d’un système adapté aux exigences d’une société que ce soit les communautés ethniques, les langues, les minorités, les genres, les groupes d’opinion et les désavantagés.
Aucun système électoral n’est parfait. Tous ont leurs avantages et leurs inconvénients (on va y revenir ultérieurement), mais les spécialistes du sujet jugent qu’un système électoral devrait au moins :
- Aider à une représentation effective, de sorte que tous les groupes de la société puissent avoir accès à des positions politiques ;
- Réduire la complexité, de sorte que les élections soient accessibles aux électeurs/trices ;
- Promouvoir la perception qu’a le public de la légitimité du parlement et du gouvernement ;
- Aider à la formation d’un gouvernement efficace ;
- Promouvoir la responsabilité du gouvernement et des représentants élus envers le public.
Enfin, bien que les systèmes électoraux jouent un rôle essentiel, il faut se garder d’exagérer leur importance. Même le meilleur système électoral possible est voué à l’échec si d’autres conditions ne sont pas satisfaites. Afin que les élections contribuent à la consolidation de la démocratie, il est impératif de mettre en place des institutions appropriées, y compris des organismes indépendants et impartiaux chargés de la gestion des élections, et de garantir le rôle des partis politiques et des organisations de la société civile à toutes les étapes du cycle électoral. En outre, les élections consolident la paix et la sécurité dans les situations où il existe déjà une culture de tolérance, ainsi qu’un dialogue politique régulier entre les principales parties prenantes du processus démocratique, et où les populations font confiance aux institutions démocratiques.
Au Burundi, on utilise un mixe des deux systèmes, par exemple ; les membres du Sénat sont élus via le scrutin uninominal majoritaire (à deux tours) et les membres de l’Assemblée nationale par le système de la représentation proportionnelle. Il est important de noter qu’aucun système électoral n’est parfait, il doit dès lors être élaboré en tenant compte du système politique et des réalités du pays. Il n’y a pas de standardisation des systèmes électoraux au niveau mondial. Mais comment en est-on arrivé à ce système-là ?
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M. Stève Cédric Bizimana, détenteur d’un baccalauréat en Sciences Politiques et d’un master en Gestion de l’Administration Publique, est un chercheur spécialisé dans les questions relatives aux médias et à la consolidation de la paix. Il a collaboré avec plusieurs organisations dans le cadre de recherches visant à promouvoir la paix, la démocratie et le droit à la liberté d’expression, tant au Burundi qu’au sein de la région. En tant que contributeur d’Iris News, il partage ses observations et les résultats de ses recherches sur la vie politique et socio-économique du Burundi.