2040 ? Avec cet Internet, on n’y sera jamais ! - IRIS NEWS

Guillaume Muhozajanvier 15, 2025
Je rouve que - Guillaume Muhoza

Le coup de gueule que je vais exprimer ici n’aura que l’effet d’une masturbation intellectuelle, mais peu importe. Mon texte ne changera rien. Je ne me fais pas d’illusions. Ce n’est pas un journaliste, aussi virulent soit-il dans sa diatribe, qui parviendra à faire réfléchir les opérateurs de téléphonie mobile. Même le gouvernement, à ce jour, n’a pas réussi à les faire bouger…

Je suis en train de rédiger ces lignes en attendant dans la file pour prendre le bus. À ce rythme, il semble que je vais y passer au moins une bonne trentaine de minutes. Je vis à Gisandema, et la file d’attente s’étend jusqu’à la vallée. Si vous connaissez l’endroit, vous comprenez que c’est une vraie galère. Mais aujourd’hui, je ne vais pas parler des files d’attente ou des problèmes de transport, même s’il y aurait de quoi en discuter. Parlons plutôt de la connexion Internet.

C’est la première fois que j’utilise mon téléphone depuis hier soir, vers 20 h, quand je suis rentré à la maison. En arrivant, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de connexion Internet, comme c’est souvent le cas depuis quelques mois. Avant de rentrer, je m’étais arrêté à la boutique pour acheter une boisson énergisante afin de tenir face au sommeil, car j’avais une tonne de travail. Mais, oh surprise…

Le Burundi est un pays géographiquement enclavé, et il semble bien parti pour devenir également un pays numériquement enclavé. Et ce n’est pas une figure de style. La qualité de l’Internet empêche le pays de se connecter, d’évoluer et de suivre le rythme du développement numérique mondiale.  L’internet est censé être un levier de développement, une porte d’entrée vers l’innovation, mais au Burundi, c’est une barrière de plus.

La connexion est tellement mauvaise qu’aujourd’hui, espérer participer à une réunion virtuelle avec cet Internet serait presque risible. Dire que tu vas livrer un travail à une date précise sans prendre en compte le retard possible à cause de la connexion serait tout simplement imprudent. L’Internet arrive, puis disparaît, et quand il est là, sa qualité laisse à désirer.

Le Président en est bien conscient, il s’est déjà exprimé sur le sujet, appelant les opérateurs de téléphonie mobile à améliorer leurs services. Le ministre de la Communication les a rencontrés jeudi dernier et leur a également demandé de renforcer la qualité de la connexion, mais ces derniers lui ont exposé des alibis solides qui les empêchent de fournir un bon service : manque de devises, pénurie de carburant…

Je sais que certains diront qu’il suffit d’acheter Starlink, mais peut-on vraiment s’offrir Starlink à la maison, au bureau, et dans tous les endroits où nous passons au cours de la journée ? Et d’ailleurs, combien de Burundais peuvent se permettre de l’acheter, compte tenu de leur pouvoir d’achat ?

Je trouve que dans ce siècle de vitesse, il serait grand temps que le gouvernement résolve, parmi tant d’autres problèmes, celui de la connexion Internet. L’internet n’est plus une simple commodité mais un facteur de production crucial. Un pays avec une connexion Internet de qualité se développera 10 voire 100 fois plus vite que celui qui en est privé. Alors, comment allons-nous rattraper ce retard alors que différents rapports des institutions internationales nous donnaient déjà pour pays le plus pauvre de la planète?

Le pays est à la croisée des chemins : soit on fait un bond en avant, soit on reste à la traîne, à regarder les autres avancer.  Un pays qui souhaite réaliser sa vision du « Burundi, pays émergent en 2040 – Burundi, pays développé en 2060 » ne peut pas se priver ainsi d’un levier aussi puissant que l’Internet. Si cela ne change pas, cette vision ne sera qu’une belle chimère.

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Chaque matin, Guillaume Muhoza se lève tôt et nous livre son « JE TROUVE QUE », une série d’élucubrations souvent futiles, qu’il puise dans son vécu, dans les choses et les gens qui l’entourent, ainsi que dans l’actualité du Burundi et du monde. Lorsqu’il ne se laisse pas emporter par l’émerveillement face à des « riens », il ressasse les disques rayés de ses souvenirs évanescents ou rumine les peines d’un jeune homme égaré, pris dans la ronde des jours qui s’enchaînent et se confondent.

Guillaume Muhoza


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