Dans un prêche vibrant, le 31 décembre 2024, lors de la prière d’action de grâce organisée par la famille présidentielle, l’abbé Dieudonné Nibizi a adressé un message direct et sans fard aux autorités du Burundi.
« Certaines autorités se font des demi-dieux et piétinent les citoyens qu’ils sont censés pourtant servir. », a-t-il observé.
L’abbé Nibizi, expert en communication, a su allier foi chrétienne et réflexion politique. Pour lui, la nation est avant tout une grande famille, et à sa tête, Dieu lui-même en tant que père bienveillant. « La nation est comme une famille. Le père de la famille, c’est Dieu lui-même, les autorités sont les intendants. Dieu leur fait confiance pour distribuer équitablement le pain à ses enfants. Les Burundais sont les enfants de Dieu. »
Pour l’abbé Nibizi, les autorités sont celles qui doivent s’assurer que cette famille est bien gérée. Que personne ne dorme sans avoir quelque chose sous la dent. Veiller à ce que tout le monde réponde à l’appel de la moisson, au nom de Dieu qui les charge de diriger ses enfants.
L’abbé Nibizi dit que, pour que le pays puisse se développer, les autorités doivent l’aimer, mais précise-t-il, “le pays ce n’est pas l’étendue géographique. Ce sont les gens, la foule. « Celui qui aime vraiment son peuple, » a-t-il expliqué, « est celui qui apprend à partager, à mettre au service de la communauté ce qu’il possède, sans chercher à accumuler les biens pour lui-même. »
Dans une conclusion poignante, le prêtre a invoqué les figures emblématiques de l’histoire du Burundi, déclarant : « Le prince Louis Rwagasore, [héros de l’indépendance], là où il se trouve, nous voit et il est blessé. Melchior Ndadaye, [héros de la démocratie], s’il revenait, serait triste, car nous ne sommes pas arrivés là où il voulait nous amener. Julius Nyerere, s’il voyait ce que nous faisons aujourd’hui, pleurerait en se demandant : finalement, tout ça pour ça? Nelson Mandela ne serait pas non plus content s’il voyait comment nous sommes. »
Et de conclure sur une note de défi : « Les efforts de nos grands-pères, combattant le colonisateur, à quoi ont-ils servi ? Luttons pour notre pays, luttons pour l’indépendance, la vraie. Les efforts consentis pour amener le Burundi dans la démocratie ont-ils été vains ? Bâtissons la vraie démocratie. »