PARCEM lance un appel à réinventer l’agriculture burundaise - IRIS NEWS

La Rédactionnovembre 7, 2024
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La sécurité alimentaire au Burundi se dégrade. L’organisation Parcem, comme de nombreux Burundais, s’inquiète et propose d’étudier des solutions.

Prix exorbitants des produits alimentaires, difficile accès aux semences et fertilisants…, l’offre agro-alimentaire ne satisfait plus la demande. La situation s’empire. Et cela, au moment où le budget de l’Etat alloué au ministère en charge augmente toujours. Où réside le problème ?

En l’espace de neuf ans, la production agricole des principales cultures au Burundi est demeurée constante, selon les données fournies par Enabel Burundi pour la période de 2011 à 2020. Toutefois, selon le Pr Salvator Kaboneka, la réalité serait plutôt une tendance à la baisse dans la plupart des secteurs, à l’exception notable des céréales, dont la production a augmenté, probablement en raison des bonnes performances des filières riz et maïs.

C’était autour de cet enseignant de l’Université du Burundi que s’étaient réunis experts, cadres du ministère sectoriel et autres parties prenantes du secteur agricole conviés par Parcem à l’hôtel City Hill, en Mairie de Bujumbura le 25/10/2024. L’invitation n’avait qu’un seul objectif : « réfléchir sur l’épineuse question d’accélérer la production agricole au Burundi. »

 

De leurs échanges, voici quelques pratiques ou recommandations qui aideraient à  booster la production agricole au Burundi :

  1. Mieux gérer les sols

Quand on parle agriculture, le sol en est une ressource indispensable.  Au lieu de s’enfoncer toujours dans le piège de céder les terres arables aux constructions urbaines, l’urgence est, selon Kaboneka, de penser à la bonne gestion des sols cultivables, c’est-à-dire, « la restructuration optimale de l’espace rural qui passe par la mise en commun et la gestion communautaire des terres, la villagisation, la spécialisation agricole régionale, etc », a-t-il soutenu.

Encore plus, le sol burundais étant acide à plus de 70%,  des efforts sont encore à être engagés dans l’étude des sols en vue  maximiser leur fertilité.

  1. Mieux gérer l’eau                                                                                                                                                                                                                                                                                                          « Malgré les neuf mois de pluie et les nombreuses rivières et lacs, l’eau, essentielle à l’agriculture, devient parfois une menace au Burundi à cause des inondations », déplore Pr Kaboneka.

Il insiste sur la nécessité d’adopter des pratiques d’irrigation et de drainage efficaces, de collecter et valoriser les eaux de pluie, et de mettre en œuvre des programmes de lutte contre l’érosion, de reboisement et de protection des sources d’eau.

  1. Mieux gérer l’élevage

Selon Kaboneka, une vache est censée donner, en moyenne, du fumier nécessaire à la production d’une tonne pour des cultures comme la pomme de terre, par an. Il faut autour de 15 chèvres pour une même production.

« A l’heure où l’on promeut plus que jamais la cuniculture, on risque de se retrouver, à la longue, dans une grande insuffisance de fumier organique pour nos sols. En principe, c’est le gros bétail qui constitue la plus meilleure usine fumière », estime Kaboneka.

Le conférencier du jour ne manquera pas de souligner l’importance de préserver les races animales et les variétés de plantes anciennes, réputées pour leur qualité et leurs résistances aux maladies: « Un jour, il arrivera que les blancs qui les ont préservées nous les revendent aux prix de l’or, sans pour autant négocier. »

  1. Mieux répartir le budget alloué au ministère en charge

Le budget de l’Etat alloué au Ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage ne cesse d’augmenter au fur des années. Il est passé de 13,1 milliards en 2005 à 595,5 milliards de FBu en 2024-2025.

Selon Nineza Douce Angelique, Directrice du Suivi-Evaluation au dit ministère, ce budget dépasse même les 10% du budget global de l’Etat, le seuil exigé par la déclaration de l’Union Africaine de Malabo en 2014. Bien plus, le gouvernement finance aussi le secteur agricole à travers d’autres ministères ou initiatives comme l’appui financier donné coopératives collinaires, le financement des projets des jeunes à travers le PAEEJ, la BIJE, etc.

Mais le hic, le budget reste inegalement reparti entre différents programmes du ministère au détriment du programme agriculture, budgétivore à 78%, lui seul. Le programme élevage et halieutique détient 2% ; l’environnement et la gestion des terres 5% ; la recherche, 4% et 9% pour l’administration générale.

  1. La recherche, le fonds d’indemnités agricoles, etc.

Le renforcement de la recherche et du capital humain constitue aussi un atout majeur pour le développement de l’agriculture. Les participants à l’échange sont également revenus sur la nécessité de faire former plus d’agronomes, la mise en place de laboratoires spécialisés, etc.

Et pour contourner les défis liés au financement, les intervenant vont suggérer, entre autres, la création d’un fonds de calamités agricoles ou même celle d’une banque nationale pour le développement agricole à l’instar de la BNDE. Cela permettrait de contourner la réticence les institutions financières à financer le secteur agricole.

Au Burundi, l’agriculture occupe environ 80% de la population. Elle représente 39,6% du PIB, 84% de l’emploi et 95% de l’offre alimentaire. Elle demeure aussi dans la priorité des programmes de développement du pays à l’instar du Plan National de Développement 2018-2027 ainsi que la Vision Burundi pays émergent en 2040, pays développé en 2060.

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