
Du 1er au 3 juillet 2025, la Maison de la Presse à Bujumbura a accueilli vingt-cinq journalistes issus de divers médias burundais. Ils ont suivi une formation sur le fact-checking, un style journalistique en vogue, qui consiste à vérifier les informations avant, pendant ou après leur diffusion.
D’entrée de jeu, Mireille Kanyange, directrice de la Maison de la presse, a donné le ton. Elle a encouragé les participants à transformer les acquis de cette formation en réflexes professionnels : Pour elle, le journaliste ne doit pas seulement informer, mais aussi inspirer la rigueur et la responsabilité.
La formatrice, Ange Kasongo, experte en fact-checking, a guidé les débats. Elle a expliqué que le fact-checking repose sur l’analyse et la vérification des faits. Selon lui, cette étape est indispensable à l’heure où circulent de nombreuses fausses informations, diffusées volontairement pour tromper (désinformation) ou par manque de sources crédibles (mésinformation).
Les réseaux sociaux, a-t-elle souligné, accentuent ce défi. Facebook, WhatsApp et autres plateformes transforment une rumeur en vérité supposée en quelques secondes. D’où l’importance, selon elle, pour journalistes et citoyens, de cultiver le réflexe de vérifier avant de relayer.
La formatrice a aussi abordé le rôle grandissant de l’intelligence artificielle. L’IA, née dans les années 1950 et perfectionnée jusqu’à engendrer des outils comme ChatGPT, offre aujourd’hui de nouvelles possibilités au journalisme : accélérer les recherches, comparer des sources, vérifier des données. Mais, a-t-elle insisté, elle ne remplace en rien le discernement humain. « L’IA donne des réponses rapides, mais elles doivent toujours être vérifiées », a-t-elle mis en garde. Aux journalistes, elle a recommandé de soigner la formulation de leurs questions et de s’approprier des outils spécialisés comme Manus ou DeepSeek.
Autre champ de vigilance : les images. Des photos ou vidéos anciennes sont souvent réutilisées pour tromper le public. Pour s’en protéger, les journalistes doivent utiliser des outils comme Google Images, InVID-We Verify ou TinEye. Mais Kasongo l’a rappelé avec force : les outils ne sont qu’un secours. « Le premier rempart contre la désinformation reste le regard critique de l’homme. »
Pour Mireille Kanyange, la formation va au-delà de la technique. Elle doit cultiver une posture : celle de journalistes qui deviennent des modèles, capables de préserver leur esprit critique face aux flux d’informations. Les partenaires, notamment l’UNESCO et l’Union européenne, ont assuré de leur part qu’ils continueront à soutenir ces efforts afin de renforcer la qualité de l’information au Burundi.
Les retours des participants traduisent l’importance de l’initiative. « Les connaissances acquises m’aideront à mieux exercer mon métier et je compte les partager avec mes collègues », confie un journaliste d’Iris News. Même son de cloche chez Willy Niyonkuru, de Imboneza News : « Le fact-checking n’est pas un luxe, c’est un outil indispensable à notre travail quotidien. »