Guillaume Muhozafévrier 2, 2025
Ce vendredi 31 janvier 2025, un groupe d’anciens séminaristes a offert un don de ciment d’une valeur de 6 millions de Fbu au Petit Séminaire de Mugera, cette institution centenaire qui s’apprête à fêter son jubilé en 2026.
Le Petit Séminaire de Mugera, premier établissement secondaire du Burundi, a été fondé le 11 février 1926 sur les hauteurs de Mugera par les Pères Blancs. Cet acte fondateur a posé les bases d’une élite intellectuelle qui allait jouer un rôle majeur dans la naissance de la nation burundaise moderne. À travers les décennies, cet établissement est devenu un véritable incubateur d’intellectuels, une fabrique de têtes pensantes, figures majeures de l’histoire du pays.
Le recteur de l’établissement, l’abbé Venant Nimpagaritse, a exprimé sa gratitude avec ferveur :
« Ce don n’est pas qu’une simple contribution matérielle. Il témoigne de l’attachement profond des anciens élèves à leur Alma Mater. Ces bâtiments ont vu passer tant de générations d’élèves, et aujourd’hui, ils ont besoin d’une réhabilitation. Ce geste est une manière de rendre hommage à cette école qui a tant donné à notre pays et à l’Église. Je lance un appel à d’autres anciens pour qu’ils emboîtent le pas. Ensemble, faisons en sorte que le jubilé de 100 ans de notre école, prévu en février 2026, soit une célébration exceptionnelle, avec un séminaire qui retrouve son éclat d’antan. »
Un acte de gratitude et d’engagement
Donatien Bigirimana, à la tête du groupe des anciens élèves, a rappelé le sens profond de cet acte :« Ce don, c’est avant tout une reconnaissance envers cette école qui nous a formés. Si nous en sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui, c’est grâce à l’éducation que nous avons reçue ici. Ce ciment, c’est aussi une manière de réparer l’usure que nous avons causée à ces murs au fil de notre passage. Après tout, chaque pas laisse une empreinte. »
Les anciens élèves ont ensuite eu l’opportunité d’échanger avec les étudiants actuels à la réfectoire. L’occasion pour le Dr François Xavier Senene, professeur d’université et ancien de l’école, de partager quelques paroles sages :
« Chers élèves, l’avenir vous appartient. Vous êtes les héritiers d’une tradition d’excellence. Étudiez avec sérieux, persévérez et vous serez les leaders de demain. Défendez l’honneur de cette école, continuez à écrire l’histoire de cette institution. »
L’héritage du Petit Séminaire de Mugera
L’héritage du Petit Séminaire de Mugera ne se limite pas seulement aux figures historiques qui en sont sorties. Il s’agit aussi d’une école qui a su s’adapter aux épreuves du temps, un centre de transmission du savoir et des valeurs qui continue de rayonner.
C’est notamment lors de la crise entre l’Église catholique et le régime du Président Bagaza qu’elle dut se transformer en simple lycée. L’incroyable survint : la très catholique école se voit accueillir tant les baptisés que les non-baptisés, filles et garçons. Mais comme toute pluie finit par cesser, elle finira par revenir sous la houlette de l’Église.
Plus tard, lors des événements tragiques de 1993 qui suivirent l’assassinat du Président Ndadaye, l’établissement essaya de rester un havre de paix au milieu d’un Mugera où les habitants s’entre-déchiraient. Un foyer d’accueil pour les déplacés fut ouvert dans ses murs, et de nombreux souvenirs de coexistence harmonieuse entre séminaristes et déplacés peuplent encore la mémoire collective de cette institution.
À l’aube de son centenaire, l’école se trouve à un tournant de son histoire. Un tournant où la générosité de ses anciens élèves pourrait bien redonner à cet établissement l’éclat qui s’est quelque peu terni, à la vue des résultats de ses élèves aux examens nationaux. Anciennement toujours en tête des classements, ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui.
Au-delà des dons pour la réhabilitation des bâtiments, il est impératif de rénover les conditions d’étude, d’enrichir la bibliothèque, d’introduire des outils informatiques modernes et d’améliorer les infrastructures sportives pour que le séminaire conserve son statut de haut lieu de formation.
Ce geste symbolique du don de ciment n’est qu’une étape d’un projet de réhabilitation plus vaste. Il annonce une série d’initiatives concrètes qui se réaliseront dans les mois à venir en vue de préparer le jubilé de 2026.
