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Décrété par Donald Trump quelques jours après son entrée en fonctions, le gel de l’aide américaine inflige des conséquences à une centaine de pays dans le monde. Des conséquences énormes ou légères selon les cas. Pour le Burundi, le risque est mesuré à 70 millions de USD par l’an…
En 2024, 189 pays ont bénéficié de cette aide à hauteur de 39 milliards de dollars américains, selon les données du Foreign Assistance. Le Burundi a, quant à lui, eu droit, en 2024, à 70 millions de USD, dont la quasi-totalité, 69 millions, ont transité par l’USAID entre autres agences fédérales et départements de l’Etat américain. En 2022, l’aide accordée à Burundi a atteint 110 millions, le pic jamais enregistré par an.
Comparé aux autres pays de la Communauté est africaine, le Burundi est jusque-là le moins servi derrière la Somalie, la RDC, le Kenya… qui bénéficient des parts de plus de 1 milliard, 900 millions, 800 millions de USD respectivement.
En quoi est engagée l’aide des Américains au Burundi ?
Selon toujours Foreign Assistance, les secteurs bénéficiaires et les montants de l’aide varient chaque année. Pour le Burundi, le domaine de la santé vient en premier, à côté de l’humanitaire, le soutien aux projets et programmes, les droits de l’homme, la paix et la sécurité, le développement économique, etc.
Le 11 février 2022, un accord de coopération entre le Burundi et l’USAID a été signé. Celui-ci portait octroi d’une assistance au développement durable dans tous les domaines, pour un montant de 400 millions de USD, sur la période 2022-2026, soit 80 millions par an.
Quelques-uns des exemples de projets/programmes financés par les Américains au Burundi ces dernières temps:
Ils financent le projet ERRA pour le développement de l’agriculture dans 8 pays africains dont le Burundi. Il est mis en œuvre sur 2 ans depuis juillet 2024 à travers Trade Mark Africa et Auxfin Burundi : 75 millions de USD …
Ils financent également le projet « Kugwiza » mis en œuvre par l’Institut International d’Agriculture Tropicale – IITA et d’autres partenaires, pour la vulgarisation et l’adoption des innovations agricoles au Burundi, Rwanda et en RDC: 20 millions de USD pour la première phase 2023-2024 censée être renouvelée…
Ils soutiennent également des programmes sanitaires comme le financement de l’achat des vaccins et la lutte contre la malaria: 15 millions de USD pour 250.000 bénéficiaires grâce à travers la President’s Malaria Initiative.
Des programmes de lutte contre la malnutrition exécutés sous leur soutien, en faveur des enfants avec l’aide d’autres partenaires comme l’UNICEF Burundi: plus de 54.000 bénéficiaires en 2023. Des assistances multiformes sont aussi livrées par l’agence américaine aux réfugiés, aux victimes des catastrophes naturelles, etc.
Une triste fin à une coopération de longue date ?
Selon les plans du Président américain, le gel de l’aide américaine a été décrété pour 3 mois, sauf pour des assistances exceptionnelles (urgences alimentaires, sanitaires,…). L’USAID, agence par laquelle passe plus de 60% de cette aide est actuellement suspendue…
Au moment où la coopération entre le Burundi et les USA était au bon fixe, après notamment la levée de sanctions économiques de 2015, la situation devient trop peu rassurante avec l’imprévisible Gouvernement Trump et son département en charge du contrôle d’efficacité dirigé par Elon Musk.
Notre revue ne retrace pas les pertes en emplois directs et indirects. Certainement qu’elles ne sont pas aussi les moindres.
Un Gouvernement du Burundi tout conscient !
Albert Shingiro, Ministre des affaires étrangères et de la coopération au développement, s’est déjà exprimé sur le sujet du gel de l’aide américaine: « Les Burundais, nous ne payons pas d’impôt en Amérique. Il est de leur droit d’accorder l’aide ou ne pas le faire. Ce gel constitue plutôt un clin d’œil à nous de se battre pour notre autosuffisance »
Le Burundi a établi des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 1962. Avec l’installation du Bureau de l’USAID en 1979, la coopération entre les deux pays s’est renforcée. C’est en 1980 qu’un certain nombre de projets et programmes ont commencé à être exécutés au Burundi à travers l’USAID, d’après le ministère des affaires étrangères.