Confessions d’un ancien élève traumatisé - IRIS NEWS

Guillaume Muhozajanvier 23, 2025
Je rouve que - Guillaume Muhoza

Plus j’y réfléchis, plus j’en suis convaincu : l’école secondaire, c’était une épreuve. La dépression, l’angoisse permanente… On a tout traversé, mais on était trop jeunes pour vraiment comprendre ce qu’on vivait.

Certains professeurs… j’ai bien dit certains, pas tous (je sais que certains vont me tomber dessus) … étaient de véritables bourreaux. Des types tordus, des tortionnaires qui prenaient un plaisir malsain à nous malmener.

Il y en avait aussi, bien sûr, qui nous ont choyés, qui ont su transmettre leur savoir avec patience et bienveillance. Ceux-là nous ont inculqué des valeurs, des connaissances, qui ont façonné ce que nous sommes aujourd’hui. Cœur sur eux.

Mais il y en a d’autres, mon Dieu : des personnages odieux. Ils nous ont laissés des cicatrices profondes, qui ont fait naître en nous des traumatismes terribles. Et c’est maintenant, en y repensant en tant qu’adultes, que l’on réalise que ce n’était pas pour notre bien, mais pour leur satisfaction personnelle, quoi qu’on en dise.

Je le répète souvent, peut-être pour me chercher des excuses, mais si je n’ai jamais maîtrisé les mathématiques, c’est à cause d’un professeur au secondaire qui a réussi à me faire détester cette matière. Un enseignant qui instille une culture de la peur chez ses élèves face aux interrogations n’est tout simplement pas un bon éducateur. Et lui… il allait trop loin.

Imaginez l’individu qui entre en classe, son regard glacial annonçant déjà l’orage. Il lance : « Sortez les feuilles. » Dix minutes pour dix équations. Et à la neuvième, il ramasse les copies. La séance suivante : vingt minutes à te dévaloriser, à t’aseptiser, à te faire sentir comme le dernier des idiots, te disant que tu n’y arriveras jamais dans la vie. Et sur son visage, un plaisir évident, presque malsain.

Les profs de maths pour la plupart sont des gars qui te lancent des formules à une vitesse folle, sans te laisser le temps de respirer, encore moins d’assimiler. Des type incompétents, incapables d’expliquer correctement x² – y², alors qu’il sont diplômés en cette matière. C’est une espèce mécanique, insensible, impitoyable… à part. Que Dieu les pardonne.

Certains étaient tellement aigris qu’on leur donnait des surnoms improbables juste pour pouvoir en rire. Si ils avaient eu plus de patience de leur part, peut-être qu’on aurait pu saisir leur matière et que ça nous aurait servi à quelque chose. En vérité, enseigner, ça ne se fait pas comme on élève un chien ou un chat. 

Tout compte fait, je trouve que e métier d’enseignant au Burundi, n’est pas une vocation, c’est souvent un refuge après avoir raté d’autres opportunités. Un travail ingrat, mal rémunéré. Souvent, les enseignants en ont marre de se battre contre des murs. « Manger des craies », comme on dit. C’est dommage.

Ce métier mérite d’être honoré. L’État devrait faire quelque chose. Mais peu importe, cela ne doit pas se répercuter sur les élèves, qui y sont pour rien. Les élèves sont là avec leurs rêves, leurs espoirs, leur soif d’apprendre. Ils ont juste besoin d’enseignants qui les comprennent et qui leur transmettent le savoir avec empathie.

Enseigner, c’est de la patience, l’auto-remise en question permanente, de l’amour. C’est savoir faire de ses élèves des partenaires, des amis, pour qu’ils puissent assimiler correctement. 

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Chaque matin, Guillaume Muhoza se lève tôt et nous livre son « JE TROUVE QUE », une série d’élucubrations souvent futiles, qu’il puise dans son vécu, dans les choses et les gens qui l’entourent, ainsi que dans l’actualité du Burundi et du monde. Lorsqu’il ne se laisse pas emporter par l’émerveillement face à des « riens », il ressasse les disques rayés de ses souvenirs évanescents ou rumine les peines d’un jeune homme égaré, pris dans la ronde des jours qui s’enchaînent et se confondent.

Guillaume Muhoza


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