Noël ou Bonne Année d’antan : c’était quelque chose - IRIS NEWS

Guillaume Muhozajanvier 2, 2025
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Les fêtes de fin d’année étaient toujours un spectacle joyeux : une horde d’enfants contents, qui se jetaient sur la nourriture, leurs rires, leurs jeux, les repas abondants, les retrouvailles familiales. Mais aujourd’hui, c’est compliqué !

Je revois cette chèvre suspendue, grillée entière, victime expiatoire de nos péchés annuels, objet qui rassemblait la famille pour nous propulser dans l’année suivante. Immoler une chèvre, c’était dans la tradition familiale, c’était le moins qu’on pouvait faire. Et pourtant, on était modestes. Mais une chèvre, c’était largement abordable. Tentez aujourd’hui! Une bonne chèvre coûte au moins 300, 350 000 FBU, bonne chance!

Chez nous, à la campagne, les travailleurs de Bujumbura revenaient en masse au moment des fêtes de Noël. C’était beau : ils avaient un bidon d’huile de palme, un pain circulaire, gros et moche, un kilo de ndagala, des lunettes fumées vissées sur le front, une tonne de clés suspendues à leurs ceintures… J’ai demandé à la campagne si le spectacle est le même, et ils m’ont répondu que non… La tradition a changé.

Sans carburant, les tickets de transport sont chers, se permettre le luxe de rejoindre les siens à la campagne, ou même ici, dans la capitale Bujumbura, c’est pas donné ! Un taxi ne démarre pas à moins de 10 000 FBU, quelle que soit la distance. C’est dire.

Autrefois, chaque coin de rue, chaque maison brillait d’une énergie unique. Je me souviens, chez nous, de l’odeur de l’Isongo, vin de banane mêlé aux effluves de l’impeke, bière de sorgho. La horde d’enfants dans la rue tambourinant avec des jerricans au rythme de : “Eeh bonanee, eh bonane, umwaka mushasha…”, tout cela semble désormais éloigné.

Les fêtes de fin d’année ne sont plus ce qu’elles étaient. Les rues, autrefois illuminées de mille feux, sont devenues plus ternes, les étals des marchés moins garnis, et les maisons… trop souvent désertées de cette chaleur humaine qui faisait toute la différence. Faute de pouvoir d’achat, faute de temps, les fêtes ont perdu de leur faste. On ne se prépare plus des semaines à l’avance, on ne planifie plus avec cette excitation palpable, on ne rêve plus aux cadeaux comme des trésors. Et pourtant, au fond de nous, on sent encore cette nostalgie, ce manque cruel de cette joie simple mais profonde.

Les années dures, les crises économiques, les incertitudes… Tout cela a laissé son empreinte. Les rires sont moins présents, les repas moins partagés, les retrouvailles plus rares. On s’est éloigné des racines de ces célébrations, perdu dans les tourments du quotidien. La magie semble s’être éteinte, remplacée par une sorte de résignation silencieuse. On fête, mais sans cette flamme, sans ce goût d’antan.

Les boissons de Brarudi, le ferment depuis longtemps de toutes les fêtes au Burundi, manquent. Avec de l’argent ou pas, tu ne trouves pas. Une image de consommateurs de ces boissons faisant la queue devant un comptoir pour étancher leur soif… détonne. C’est du jamais vu. Les clients, pour avoir une boisson de la Brarudi, sont obligés de faire la queue et, surtout, de faire d’abord une commande à la cuisine. Sinon, « tu manges pas, et bien sûr, tu bois pas non plus ». C’est aussi simple.

Je ne parle même pas du kilo de viande, qui est aujourd’hui autour de 32 000, voire 40 000 FBU. Le temps est au grincement des dents. Une pénurie peut cacher une autre : résurgence de la pénurie de carburant depuis février dernier, le carburant, que le président appelle le “sang du pays”, quand il manque, bonjour le manque d’autres produits essentiels : sucre, ciment… La production ralentit et s’en suit le manque de devises : au finish, le coût de la vie monte en flèche !

Mais une fête de fin d’année est aussi une occasion d’accueillir la nouvelle, en espérant qu’elle saura nous traiter mieux que la précédente. Donc, tout le meilleur pour 2025… Et moi, je vais filer chercher un bus, avant que les queues ne deviennent des queues de queue…

 

Guillaume Muhoza


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