Musique : la saga Bellissima vue autrement - IRIS NEWS

La Rédactionjuin 19, 2024
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Au-delà de la controverse créée récemment par la saga Bellissima, l’on décèle une propension tout burundaise : guetter le moindre faux pas de ceux qui réussissent pour les précipiter dans les abysses de la disgrâce.

Nombreux sont ceux qui promettent déjà la chute à DJ Fernando, étoile montante de la musique burundaise. La cause : le jeune chanteur, ne veut pas créditer le travail de Kadie Kay, une dame dont le nom est tout récemment venu à la notoriété publique comme auteure des paroles de la chanson “Mon Logo” du groupe We Love Muzika. 

Or, ce n’est pas que  “Mon Logo”, Kadie Kay revendique également la paternité des paroles de “Bellissima” qui a catapulté Dj Fernando au statut de star régionale et surtout lui a valu le trophée “Isanganiro Award”, avec 5 millions à la clé. 

Le 14 juillet, lors du concert de remise des prix du concours “Ka Summer Song” organisé par la Radio Kazoza FM, Dj Fernando sur scène a lancé: « Si quelqu’un prétend avoir écrit mes chansons, qu’il vienne les interpréter ! »

Cela n’a fait qu’envenimer la perception que les mélomanes ont déjà de Dj Fernando, accusé, certes à tort, d’avoir agi en sous main, pour le refus de visa de Melanin Boy, alors que les deux chanteurs du groupe We Love Muzika aujourd’hui en scission apparente, avaient une tournée commune en Europe au mois de mai passé. 

Réaction vive de Kadie Kay 

Dans une interview sur la chaîne Umukubito TV, Kadie Kay raconte que le chanteur Dj Fernando lui a manqué de respect pour avoir osé parler d’elle sur scène. 

Pour  Kadie Kay, il est grand temps que le jeune chanteur apprenne à ne pas se laisser emporter par ses succès mais à rester humble. Parce que, renchérit-elle, même lors de la prise des images pour la chanson « Mon logo », dont elle confie avoir financé la prise des images et également rédigé les paroles, cette fois-ci pour les deux chanteurs de We Love Muzika réunis en duo, Dj Fernando, n’a pas pointé son bout de nez, préférant se rendre en RDC.

Cette réaction a trouvé l’écho chez de nombreux mélomanes, chanteurs, producteurs et promoteurs. Akes Don, chanteur, IBreezy producteur ont tous déjà dénoncé “un comportement sauvageon et ingrat d’un jeune chanteur qui, trompé par des succès illusoires, ose, dans un concert, s’en prendre à une femme de l’âge de sa mère.”

Qui est Kadie Kay? 

Kadie Kay, de son vrai nom Claudine Kayoboke, une passionnée de musique dans la cinquantaine, s’est tout récemment découverte un talent de parolière en composant une chanson pour son mari, dont elle a confié l’interprétation au groupe We Love Muzika.

Après avoir enregistré cette chanson, elle va finir par prendre goût à la chose. Elle assure qu’elle va par après écrire les paroles des deux succès actuels : Bellissima et Mon logo. 

Kadie Kay affirme également qu’elle soutenait financièrement le groupe We Love Muzika. D’ailleurs, à travers différents posts sur les plateformes, d’autres musiciens lui chantent des éloges pour son appui à leur art. 

A mon avis, cette dame est une chance pour la musique burundaise, une mécène qui, alors que les musiciens peinent à trouver les fonds, ne lésine pas à mettre la main à la poche et les soutenir. C’est bien noble. Mais…

Non au cannibalisme culturel!

Dans la saga Bellissima, je suis indigné par la campagne de diabolisation contre le chanteur Dj Fernando. Il semble qu’on guettait un moindre faux pas de sa part pour le lyncher. Certes, il a manqué de respect à Kadie Kay et il devrait s’en être déjà excusé, mais mérite-t-il pour autant toute cette animosité collective? Et surtout, je me demande, ne devrions-nous pas comprendre qu’il est encore jeune ? Il est normal qu’un jeune connaissant un succès aussi rapide agisse de manière impulsive. Le succès peut être enivrant et personne ne peut prédire comment il se comporterait à sa place.

A tous ceux qui l’envoient à l’échafaud, il aurait été plus noble de canaliser cette énergie collective vers des conseils constructifs plutôt que vers des critiques stériles qui ne favorisent pas un environnement musical et social épanouissant et collaboratif.

Cette propension à dénigrer ceux qui atteignent le succès, à leur moindre faux pas a un nom. Cela s’appelle du “cannibalisme culturel” selon le sociologue Désiré Manirakiza. Pour ce professeur d’université « dans une société rongée par le cannibalisme culturel, tout le monde détient un gourdin et attend le faux pas pour frapper. Le cannibalisme culturel opère de pair avec le nivellement par le bas. Dans ce type de société, la performance énerve. Tout le monde doit être au même niveau. » Une chose est sûre, ce n’est pas avec cet esprit-la, que le Burundi se développera. 

 

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