
Sous la vieille tôle chauffée à blanc du Département des Sports, entre les gradins rafistolés et les barrières branlantes, le public débordait. Les Playoffs ont tout donné, au point que, emportés par le show, on en avait que faire de l’état des lieux, de l’inconfort, des limites de l’infrastructure.
Sept matchs. Dynamo contre Urunani. La période des Playoffs, cette année, il en faudra beaucoup pour l’effacer de la mémoire des mordus du ballon orange.
Cette saison, les deux rivaux ont livré bataille jusqu’au bout. Sept rounds. Une guerre de tranchées sur bitume chauffé à blanc. Et au terme de cette série épique, c’est Dynamo qui est allé chercher le titre, dimanche 20 juillet 2025, avec quatre victoires contre trois.
Ils l’avaient dit : pas de cadeaux. Pas d’étreintes ni de sourires. Juste du jeu, de l’impact, et une tension permanente. L’ambiance ? Difficile à décrire. Même en tant que journaliste, j’hésite. Le compte-rendu fidèle est juste impossible.
Parce que ce qu’il s’est passé là… c’était plus que des matchs. Ce terrain fatigué, qu’on croit connaître, a vu sa capacité multipliée par dix, peut-être douze. Les gens grimpaient où ils pouvaient. Suspendus, agglutinés.
Un niveau qui grimpe, des attentes qui explosent
Les matchs sont devenus de véritables événements. D’autant plus que les clubs n’hésitent plus à recruter à l’international : Américains, Nigériens, Sénégalais, Congolais… Sans oublier les talents locaux, qui ne se laissent pas faire.
Et ce mélange, cette confrontation de styles, ce brassage d’intensité, offre un spectacle d’une rare qualité. Le ciment du Département des Sports n’a jamais autant transpiré.
Pendant les Playoffs, il n’y a pas de jour off. En semaine comme le week-end, les tribunes sont pleines. Pleines de cris, de chants, de couleurs. Bleu et blanc pour Urunani. Vert et blanc pour Dynamo. Chaque match est une fête. Une fête sérieuse, parfois électrique, souvent incontrôlable.
Le basket, ici, c’est l’affaire de tous. Les enfants, les ados, les couples, les darons… Tout le monde est là. Pour vivre. Pour vibrer. Pour faire corps avec le jeu.
Tarifs en hausse ? Rien à faire, les fans suivent
Les prix ? Élevés, oui. Mais rien ne freine la passion. La billetterie de la Fédération tourne à plein régime. Moins de 18 ans : 5 000 FBu. Pourtour : 10 000. Tribune : 20 000. VIP : 50 000 FBu. Et même un ticket « sponsor » à 2 millions.
Pour le dernier match, les tarifs ont doublé. Aucune incidence. Les places VIP étaient uniquement accessibles sur réservation. Le terrain était toujours aussi rempli. La ferveur, intacte.
Une passion qui rassemble, une foule bigarrée
Il y a dans cette foule une énergie impossible à recréer ailleurs. Une diversité touchante. On y croise tous les visages du Burundi : des jeunes aux visages peints, des couples main dans la main, des familles au complet. Tous là, avec une même dévotion.
Mais le sport n’est jamais seul. Il attire… bien d’autres intentions. Sur le terrain du Département, certains habitués ont remarqué : pas mal de jeunes femmes, souvent entre 18 et 27 ans, arrivent seules. Et disons-le franchement : toutes ne sont pas là pour le pick-and-roll ou les alley-oops.
« Rumor has it », certaines demoiselles viennent avec d’autres idées en tête. La perspective de croiser un jeune homme bien n’est jamais à exclure. Ce n’est pas un secret. « Certaines cherchent à commencer une histoire. Ici, on trouve de tout : des fils de bonnes familles, des joueurs étrangers… », murmure une source qui préfère rester discrète.
Basket et petits business discrets
Le terrain attire aussi les débrouillards. Prenez Sahinguvu Sébastien, alias “Seba”, fervent supporter de Dynamo, ou Anicet Niyonzima, alias “Tambwe”, du camp Urunani. Officiellement, ils sont là pour soutenir leur équipe. En réalité, ils ont flairé le filon.
Ils circulent entre les rangs, surtout côté VIP. Ils rendent service : on leur envoie acheter de l’eau, des jus. En retour, ils touchent un pourboire : 2 000, 5 000, 10 000 FBu parfois. C’est discret, mais efficace. Le sport comme paravent d’un petit commerce bien rôdé.
Et puis, il y a les scènes qu’on n’ose pas trop raconter.
Comme ces policiers postés avant le match, censés surveiller les foules, assis dos au terrain… Un billet de 2 000 FBu, et ils se poussent. Parfois, ils laissent même la chaise. Oui, la leur.
Ah, et ce vieux casier de boissons vide, là-bas ? Il se loue 5 000 FBu. Juste pour t’asseoir. Parce qu’ici, tout est business.
Bienvenue au Département des Sports.