Marie Offre Liena Niyonkuruseptembre 7, 2025
On vient à un spectacle d’humour le cœur en fête, le rire en bandoulière. Mais ce 4 septembre, dans le jardin feutré d’Olive’s Garden, il ne s’agissait pas seulement de s’amuser : on célébrait cinq années de persévérance, cinq bougies soufflées par un artiste qui n’a jamais levé le pied.
D’abord, saluons son carnet d’adresses. Rocher sait parler à sa génération : ce soir-là, la foule mêlait jeunes de tous les quartiers, artistes confirmés, étudiants sans emploi, citadins assumés et provinciaux de passage, enfants de “bonnes familles” et d’autres moins favorisées – du moins en apparence. Bref, un public à son image. Car ce fils de Musaga sait se vendre auprès de ses pairs.
Depuis son premier show, dès sa première année dans le métier, il n’a plus cessé. Les réseaux sociaux, surtout TikTok, l’ont propulsé : de petits sketchs au gimmick “Inazimika Inawaka”, né d’une moquerie des délestages de courant, ont essaimé en une infinité de variantes, devenues un phénomène.
Ce jeudi-là, sous la maestria du MC Kaboss, voix très en vogue chez les jeunes, la scène a vu défiler des comédiens de renom : Raoul Kirahuri et sa verve acérée, Kigingi, doyen respecté fort de ses plus de dix ans d’expérience, sans oublier Kirikou A-Kili, chanteur et humoriste derrière le très populaire Aha nihe ?.
Chacun a apporté sa touche, déclenchant rires et tonnerres d’applaudissements. Les nouveaux talents aussi ont eu leur espace, confirmant que la relève existe. Le public, majoritairement jeune, est resté accroché jusqu’au bout de la nuit, visiblement insensible au passage des heures.
Puis vint Rocher Mahoroneza. Porté par l’énergie des mix, les lampes torches brandies par le public et l’ambiance électrique, il entra, ému. Dans son style pince-sans-rire, il croqua les réalités des jeunes de Bujumbura, les tensions familiales, les absurdités du quotidien. Après sa charge, il remercia chaleureusement tous ceux qui avaient répondu à l’appel, transformant ce rendez-vous en une célébration mémorable.
Ses pairs lui ont rendu hommage, saluant sa capacité à rassembler autant de talents. Le refrain “Bravo Rocher” a traversé la soirée, preuve de son empreinte dans le milieu artistique.
Moment fort : ses parents ont été invités sur scène. Sa mère, émue, confia :
« Enfant, il avait deux passions : le foot et la comédie. Malheur pour moi qui rêvais d’un fils médecin, d’un eminent scientifique. Le foot, j’ai réussi à l’en détourner… mais pas la comédie. »
Aujourd’hui, elle invite les parents à encourager les passions de leurs enfants, car “le talent finit toujours par parler”.
Une programmation diversifiée
Le duo Kigingi & Rocher a électrisé la salle avec des sketchs complices, jouant avec le public et réveillant les côtes endormies. La danse aussi fut à l’honneur, portée par des troupes enchaînant chorégraphies modernes et traditionnelles. La musique oscillait entre gospel inspiré et sons profanes, dans une cohabitation harmonieuse où chacun trouvait son compte.
Autour du jardin, stands de boissons, nourritures et produits divers complétaient l’expérience, donnant à la soirée un air de festival.
Mais au-delà du divertissement, cette 5ᵉ édition fut surtout un espace d’expression pour la jeunesse, une tribune offerte aux talents émergents et une reconnaissance pour les figures établies. La forte affluence en dit long : l’art, le message social et l’esprit festif peuvent cohabiter, et Seka Rocher Comedy en est désormais la preuve vivante.
