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Les insectes comestibles, une alternative nutritive et écologique aux défis alimentaires - IRIS NEWS

Evalde Izikwumvanovembre 2, 2025
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Dans un contexte mondial marqué par les défis liés à la malnutrition et aux changements climatiques, le Burundi s’ouvre progressivement à une nouvelle source d’alimentation durable : les insectes comestibles.

Le Centre de Recherche en Nutrition EANSI a présenté, ce vendredi 31 octobre, les premiers résultats d’une étude menée par trois chercheurs burundais sur la valeur nutritive et économique de ces petits êtres souvent méconnus mais extrêmement riches en protéines.

Les chercheurs Claude Hatungimana, Eric Manirutingabo et Jean Marie Nshimirimana ont mené des études approfondies sur quatre types d’insectes : les mouches soldats noires, les criquets, les termites et les chenilles. Ces insectes se sont révélés être de véritables concentrés d’éléments nutritifs.

“Les insectes contiennent des protéines, des vitamines (notamment du groupe B) et des minéraux essentiels. Leur intégration dans la farine de manioc permettra de renforcer l’alimentation des ménages burundais”, a expliqué Eric Manirutingabo, dont les recherches portent sur la fortification de la farine de manioc.

D’après lui, les chiffres sont alarmants : 85 % de la population burundaise souffrirait d’une forme de malnutrition, un taux bien supérieur à la moyenne africaine (20,2 %). Pour y remédier, la valorisation des insectes comestibles apparaît comme une solution locale, abordable et durable.

L’élevage d’insectes, un levier écologique et économique

De son côté, Claude Hatungimana a mis en avant les avantages environnementaux de l’élevage d’insectes : “Ces petites créatures ne nécessitent que très peu d’espace et émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que le bétail traditionnel. C’est un atout majeur pour la durabilité écologique.”

Son étude sur la mouche soldat noire a révélé que ses larves, nourries entre 13 et 29 jours, peuvent atteindre jusqu’à 300 grammes de biomasse et fournir des quantités notables de nutriments. Au-delà de l’alimentation, l’élevage d’insectes ouvre la voie à de nouvelles filières économiques : vente d’œufs, transformation des larves fraîches ou séchées, production de compost organique à partir des déchets, etc.

Actuellement, un gramme des œufs de mouche soldat noir  peut se négocier entre 20.000 et 30.000 FBu et un kilogramme des pipes ou larves atteint parfois 100.000 FBu sur le marché.

Des défis encore à relever

Malgré le potentiel, plusieurs obstacles freinent encore le développement de ce secteur. Selon Jean Marie Nshimirimana, qui suit les travaux depuis le Maroc : “Nous travaillons encore dans des conditions précaires. Il n’existe pas de laboratoire spécialisé pour l’élevage d’insectes au Burundi, ce qui complique le contrôle des conditions de température et d’humidité nécessaires à leur croissance.”

Les chercheurs précisent également que la majorité des spécimens utilisés proviennent des forêts locales, faute d’élevages structurés. Ils appellent les autorités à investir dans la formation, la sensibilisation et les infrastructures scientifiques nécessaires.

Une farine enrichie bientôt sur le marché

Le projet du centre EANSI vise à intégrer ces insectes dans la farine de manioc, un aliment de base au Burundi, souvent pauvre en éléments nutritifs. Dans les prochains mois, une nouvelle farine enrichie issue de ce programme pourrait être mise sur le marché, offrant une solution locale pour lutter contre la malnutrition et améliorer la santé communautaire.

Les chercheurs invitent le gouvernement, les institutions académiques, les investisseurs privés et les éleveurs à unir leurs forces pour développer cette filière prometteuse.

Ils plaident pour le soutien à la recherche et à la production d’insectes comestibles, la sensibilisation de la population à leurs bienfaits nutritionnels, la création de marchés spécialisés, et la promotion d’un élevage durable des espèces locales comme les criquets, les termites et les mouches soldats noires.

La question ne relève plus seulement de la curiosité, mais bien de l’avenir alimentaire du Burundi.

Evalde Izikwumva


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