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Le café burundais s’exporte en Chine, allégé de toute taxe - IRIS NEWS

La Rédactionjuillet 30, 2025
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Ce n’est pas qu’un lot de 38 tonnes de café qui a quitté Bujumbura, ce 30 juillet. C’est une page d’histoire commerciale qui s’écrit. Celle d’un petit pays d’Afrique de l’Est, accroché aux flancs du Tanganyika, qui ambitionne de faire goûter ses collines au palais d’un géant : la Chine.

À l’occasion d’une cérémonie officielle au Kiriri Garden Hôtel, en présence de hauts responsables burundais, dont la Présidence de la République représentée par Alain Ndikumana, à la tête du Bureau des Études Stratégiques de Développement, du ministère de l’Agriculture, de l’ambassade de Chine et de la société chinoise CHICO, jusque-là surtout connue pour ses chantiers dans la construction, le départ de cette première cargaison a été célébré comme un événement stratégique : un café, deux pays, deux continents, et une promesse de lien plus direct entre producteurs burundais et consommateurs asiatiques.

Un café, deux ambitions

Pour le Burundi, la mission est claire : repositionner son arabica comme un produit d’exception sur un marché qui ne cesse de croître. Le café reste le poumon de l’économie agricole, mais souffre d’un marché instable et d’un réseau d’exportation longtemps dominé par les circuits européens.

« L’ouverture du marché chinois est une opportunité inédite », explique Emmanuel Niyungeko, secrétaire permanent au ministère de l’Agriculture. « Elle permettra de garantir un meilleur prix aux producteurs et de réduire la dépendance aux intermédiaires. »

Le potentiel est là : plus de 20 000 tonnes par an, une demande mondiale en café de spécialité en plein essor, et désormais un accès direct à un marché de plus d’un milliard de consommateurs, avides d’authenticité.

Pékin, nouvel eldorado des grains d’or burundais

Côté chinois, ce partenariat s’inscrit dans la continuité des engagements pris lors du sommet Chine-Afrique de 2024. Pékin y avait annoncé la suppression des droits de douane sur plusieurs produits africains. Pour le café burundais, un accord phytosanitaire spécifique a été négocié, ouvrant les portes du marché chinois.

Zhao Jiangping, ambassadrice de Chine au Burundi, rappelle que « le café burundais avait conquis les visiteurs lors de l’exposition d’importation de Shanghai en novembre 2024 ». Arôme élégant, goût fruité, production artisanale – autant de qualités qui séduisent un public chinois de plus en plus curieux et exigeant.

CHICO, partenaire industriel déjà implanté au Burundi, a pris en charge la commercialisation. Son directeur, Zhang Yafei, annonce des exportations régulières et l’élargissement de son champ d’action à d’autres produits agricoles burundais. Pour lui, « il y a une complémentarité naturelle entre les deux économies. Le café n’est qu’un début. »

L’ODECA monte en puissance

En première ligne dans cette nouvelle aventure : l’Office de Développement du Café du Burundi (ODECA). Son directeur général, Oscar Uwikunda, assure que la campagne caféière 2025 est déjà bien engagée : « Nous avons déjà collecté 92 % des volumes attendus, et la logistique pour le marché chinois est en place. »

Mais il ne s’agit pas seulement d’exporter. Des formations aux normes chinoises sont prévues pour les producteurs, tout comme un appui aux démarches de certification des coopératives. Le défi est aussi qualitatif.

Une autre route du Sud

Derrière cette opération, c’est une nouvelle géographie des échanges qui se dessine. Loin de la dépendance historique aux marchés occidentaux, le Burundi explore des voies Sud-Sud, plus équilibrées et peut-être plus durables.

Exporter son café vers la Chine, c’est affirmer une souveraineté commerciale. C’est aussi parler d’égal à égal, dans un monde où les petites économies cherchent à se frayer un chemin sans passer par les vieilles routes balisées.

Dans l’avenir, thé, maïs, voire poisson du Tanganyika pourraient suivre. Mais pour l’heure, c’est une main tendue, une tasse à moitié pleine, et une nouvelle ère qui s’ouvre entre collines burundaises et mégalopoles chinoises.

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