LA UNE

Tout ce qui semble être un empoisonnement n’en est pas forcément un - IRIS NEWS

La Rédactionfévrier 12, 2025
WhatsApp Image 2025-02-10 at 11.53.01

Ces derniers jours, plusieurs décès, touchant aussi bien les jeunes que les moins jeunes, ont été attribués à l’empoisonnement, suscitant une vague d’inquiétude et de discussions sur les réseaux sociaux. un médecin de la capitale, sous couvert d’anonymat, souhaite alerter le public : “Il n’est pas toujours question du fameux Ishano.”

M. est une jeune Burundaise dans la vingtaine, dont la mort en début février 2025, a particulièrement fait réagir la communauté en ligne.
Avant de décéder, elle aurait confié à une amie via un message Whatsapp qu’elle avait été empoisonnée, mais qu’elle ne l’avait appris que trop tard, lorsque ses poumons étaient déjà gravement endommagés.

La rumeur s’est rapidement répandue, ravivant les discussions selon lesquelles l’empoisonnement serait devenu un phénomène courant à Bujumbura.

Dans un message à Iris News, un médecin sous couvert d’anonymat, revient sur la situation. “Il y a quelques jours, j’ai vu des discussions sur les réseaux sociaux, faisant état de nombreux cas d’empoisonnement. Il paraîtrait que c’est un phénomène de plus en plus fréquent. Je tiens d’abord à exprimer mes sincères condoléances à toutes les familles endeuillées. Perdre un proche, surtout après une longue lutte contre la maladie, est une épreuve dévastatrice. Mais il est essentiel de se rappeler que tout ce qui semble être un empoisonnement n’en est pas forcément un », prévient-il.

Ce médecin explique que de nombreux patients, après avoir d’abord cherché des traitements traditionnels contre le soi-disant « Ishano », arrivent trop tard pour bénéficier de soins médicaux modernes. « Certains viennent nous voir après avoir attendu trop longtemps, et dans de nombreux cas, il est déjà trop tard. Ce retard dans la prise en charge a des conséquences dramatiques », poursuit-il.
Il dénonce également l’absence d’infrastructures médicales adéquates pour traiter certaines maladies graves. « Il arrive que des malades souffrent de pathologies pour lesquelles les traitements ne sont pas disponibles au Burundi. Dans ces situations, la seule option est d’envoyer les patients à l’étranger, mais cela reste une solution coûteuse et inaccessible pour beaucoup de familles. Celles qui n’ont pas les moyens de se faire examiner à l’étranger, se retrouvent alors à spéculer sur des causes comme l’empoisonnement, souvent pour tenter d’expliquer une maladie mal ou non diagnostiquée », souligne le médecin. “Et tant mieux pour le médecin, si le patient peut soulager son esprit en croyant qu’il a été empoisonné”, poursuit-il. Cependant le hic, dans de nombreux cas, ces derniers finissent par mourir en consultant des officines de soins informels où les soins sont autant spéculateurs, archaïques et inefficaces.

Enfin, le médecin évoque un troisième scénario : « Les patients, malgré leur pauvreté, tentent parfois de réaliser des tests médicaux. Mais il faut imaginer que si un test est effectué en février, les résultats ne reviendront qu’en avril, ce qui signifie qu’ils ne refléteront plus l’état réel du patient. Si c’est un cancer, par exemple, le test pourra montrer une situation totalement différente de celle du moment où la personne a effectué le test. À ce stade, le traitement prescrit sera inadéquat, et la maladie aura probablement évolué. » Il insiste sur le fait que ces décalages, ainsi que le manque de traitements appropriés, provoquent des décès qui sont plus tard imputés à l’empoisonnement.

Ce médecin appelle la population à prendre du recul par rapport à ces rumeurs et à ne pas tomber dans l’exagération. « Les problèmes qui mènent à ces tragédies sont liés à un système de santé déficient et à la pauvreté qui touche une grande partie de la population. Ce n’est pas l’empoisonnement. Il est important de ne pas propager de fausses informations, qui ne font que semer la méfiance dans la société », conclut-il.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *


A propos de nous

Iris News est un média burundais généraliste avec 6 agrégats éditoriaux qui articulent l’essentiel de son offre d’information : Affaires, Écologie, EAC, Jeunesse, Culture et Sport. Iris News, se définit comme « le média des possibles » destiné à aider les jeunes burundais à façonner un Burundi prospère et respectueux de l’environnement.


CONTACT US