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Conduire à Bujumbura est un test psychologique - IRIS NEWS

Guillaume Muhozafévrier 17, 2025
Je rouve que - Guillaume Muhoza

Avant d’envisager de conduire à Bujumbura, il vous faut d’abord maîtriser l’art de l’insulte divine et du cri de guerre.

C’est un véritable tableau de chaos en mouvement, un festival d’anarchie où les conducteurs sont les artistes et les routes les toiles. C’est du Picasso, grandeur nature. Serrez bien les ceintures!

Ici, les règles ont décidé de prendre des vacances. La notion même de « réglementation » est devenue une vague rumeur, un concept flou, voire abstrait.

Un ami m’a conseillé il y a des années : avant d’envisager de conduire à Bujumbura, il faut d’abord maîtriser l’art de l’insulte divine et du cri de guerre.

Sincèrement, c’est l’un des conseils les plus utiles que vous puissiez recevoir. Gueuler dans sa voiture, déverser un torrent de jurons sur le premier chauffard venu, voilà la vraie thérapie. Vous ne le savez pas encore, mais c’est un antistress redoutablement efficace. Parce qu’en naviguant dans cette circulation, comment rester zen ? Le plus grand des yogis n’y arriverait pas.

La circulation ici est une « no law zone », une petite représentation du chaos, avec sa propre logique. C’est une symphonie dissonante, un concert ininterrompu de klaxons stridents et de moteurs rugissants qui déversent leur fumée dans l’air, des voitures qui doublent comme si c’était un jeu vidéo, et des piétons qui se faufilent entre les voitures comme des acrobates.

Les bons conducteurs, eux, sont les plus malheureux. Respecter le code de la route ? Vous vous rendrez vite compte que vous êtes un naïf, un idéaliste, un bigot qui croit encore à l’ordre au milieu de ce beau capharnaüm.

Et le gouvernement dans tout ça, me direz-vous ? Il fait ce qu’il peut, ou ce qu’il veut, c’est selon. Les routes manquent de feux de signalisation, et les policiers de la sécurité routière sont à la fois acteurs et spectateurs du même flot chaotique. Parfois, ils laissent passer, parfois ils sont submergés. Parfois, ils en profitent… Je suis sûr que vous voyez ce que je veux dire.

Bien sûr, le gouvernement a fait des efforts – ah, les motos et vélos interdits en centre-ville ! Mais, hélas, ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Si l’objectif était de rendre la circulation plus fluide, il est légitime de se demander s’il n’aurait pas fallu aller plus loin, en adressant d’autres problèmes plus structurels qui prédisposent au chaos, avec des mesures fortes et un déploiement d’énergie pour faire respecter les nouvelles règles et en finir une fois pour toutes avec ce bazar.

Le remède est simple. Il faut d’abord s’attaquer aux bases : mettre fin au désordre dans l’attribution des permis de conduire. Un permis doit être accordé uniquement à ceux qui maîtrisent véritablement le code de la route, après avoir suivi et validé toutes les étapes de formation nécessaires.

Ensuite, il est impératif d’assurer une installation correcte des panneaux et feux de signalisation sur toutes les voies publiques. La réhabilitation de la voirie urbaine est également essentielle : aménager des trottoirs là où ils manquent, renforcer ceux qui existent et veiller à leur respect, sans oublier de renforcer les bandes blanches.

La police routière doit jouer son rôle et veiller à l’application stricte du code de la route.

Et si, pour couronner le tout, le code de la route était enseigné dans toutes les écoles ? Cela garantirait qu’au moins chaque diplômé du secondaire dispose des bases nécessaires pour se comporter correctement sur la voie publique.

À présent, nombreux sont ceux qui pensent que le code de la route s’applique uniquement aux conducteurs d’engins motorisés. Apprendre le code de la route dans toutes les écoles permettrait de diffuser la conscience du respect des règles dans toute la population, et ainsi chacun participerait à instaurer l’ordre sur la voie publique.

Ou peut-être suis-je moi aussi un naïf, qui croit encore à l’ordre au milieu de ce beau capharnaüm ?

 

Guillaume Muhoza


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