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Burundi : sans électricité, certains malades voient leur vie menacée - IRIS NEWS

Guillaume Muhozaoctobre 15, 2025
Insuline

Dans plusieurs quartiers de Bujumbura, les coupures d’électricité sont devenues un fait quotidien. Mais derrière les bougies qu’on rallume et les lampes qu’on recharge, des vies se jouent en silence celles de patients dont la survie dépend de médicaments devant être conservés au froid.

À Bujumbura, BS* attend, impuissant, la prochaine coupure. Son insuline repose dans un petit réfrigérateur, qu’il surveille comme une flamme vacillante. “Je n’ai pas peur du diabète, dit-il. Ce qui me fait peur, c’est l’électricité.”

BS*, habite le nord de la capitale économique et vit avec un diabète sévère. Chaque jour, il doit s’injecter de l’insuline matin et soir. Dans son petit logement, le courant ne reste jamais allumé bien longtemps.

“Aujourd’hui, cela fait trois jours que l’électricité ne tient pas plus de trente minutes d’affilée”, explique-t-il, rencontré le 1er octobre. “Cela me met en danger, car je dois conserver mon insuline au frais. Si elle s’abîme, je n’ai pas les moyens d’en racheter.”

“Ils ne savent pas que certains en ont besoin pour vivre”

Quand l’électricité disparaît, BS s’organise comme il peut. Il confie parfois son médicament à des amis ou à des voisins vivant dans d’autres quartiers, là où le courant reste plus stable.

“Mais même là, je ne suis jamais tranquille. Dès que le courant est coupé chez eux, ils m’appellent, je dois courir récupérer le médicament pour le transporter ailleurs. C’est devenu une course permanente, même pendant mes heures de travail.”

Pour cet homme d’une quarantaine d’années, la Régie de distribution de l’eau et de l’électricité (Regideso) semble ignorer que ses décisions ont des répercussions directes sur la santé publique :
« Ils croient que l’électricité ne sert qu’à allumer les lampes. Mais lorsqu’ils coupent le courant, c’est notre vie qu’ils mettent en danger. Il y a quelque temps, la coupure a duré plus de dix jours ! J’ai dû déposer mon insuline à l’hôpital pour qu’on la conserve, et j’y allais chaque fois pour m’en injecter. »

Des solutions précaires pour pallier les coupures

Face à ces situations, les médecins tentent de trouver des solutions de fortune.
Docteur Franck Arnaud Ndorukwigira, praticien à l’hôpital de Gitega, explique que ce problème concerne de nombreux patients atteints de diabète, souvent issus de milieux modestes.

“Nous leur apprenons à conserver l’insuline sans réfrigérateur, car beaucoup n’ont pas accès à ces équipements”, indique-t-il.

Certaines méthodes empiriques permettent de maintenir le médicament à une température acceptable :

“Ils peuvent placer l’insuline, bien emballée, dans un pot ou dans la tige creuse d’un bananier, ou encore dans un seau rempli d’eau fraîche. Le flacon flotte, ce qui permet de le garder à bonne température sans qu’il ne se détériore”, explique le médecin.

Mais ces expédients, s’ils permettent de gagner du temps, ne remplacent pas une solution durable. “L’interruption du froid peut altérer l’efficacité du produit et compromettre le traitement”, souligne Dr Ndorukwigira, qui appelle à “renforcer la sensibilisation sur la conservation des médicaments” et à “garantir un minimum d’accès continu à l’électricité pour les personnes dépendantes de traitements vitaux”.

 

Guillaume Muhoza


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