
Le Burundi fait face à une vulnérabilité élevée : le pays est classé « hautement vulnérable » au changement climatique, et parmi les moins bien préparés à y faire face.
Entre 2018 et 2023, plus de 646 000 personnes ont été affectées au Burundi par des épisodes de pluies torrentielles, d’inondations et de vents violents, dont près de 145 000 déplacées. Rien qu’au premier semestre 2021, environ 14 000 ménages, soit 70 000 personnes, ont été touchés par les inondations dans les provinces de Bujumbura Rural, Rumonge et Makamba.
Ces catastrophes traduisent l’ampleur d’un déséquilibre environnemental profond. L’érosion des sols, notamment, atteint un niveau critique : le pays perdrait chaque année près de 38 millions de tonnes de terre arable, selon une analyse de la Banque mondiale. À cela s’ajoutent des risques spécifiques et localisés : la montée des eaux du lac Tanganyika et les inondations côtières, les glissements de terrain dans les zones montagneuses, la sécheresse récurrente dans le nord-est et les éboulements liés à la déforestation.
Conscient de ces défis, le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique reconnaît aujourd’hui l’urgence d’une réponse structurée. Il réaffirme sa volonté de renforcer la résilience nationale face aux catastrophes naturelles et humaines. Son message, adressé à la fois à la nation et aux partenaires internationaux, est clair : il est plus efficace et durable d’anticiper que de simplement répondre.
C’est dans ce contexte que, ce jeudi 23 octobre 2025, à la veille de la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes (commémorée chaque 13 octobre selon la résolution A/RES/64/2009 des Nations Unies), le Burundi s’apprête à rappeler l’importance d’une culture nationale de prévention et de préparation face aux aléas climatiques.
Des initiatives concrètes en cours
Pour répondre à ces défis, les autorités burundaises, notamment via la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et de Gestion des Catastrophes (PNPRGC), souligné par le Secrétaire Permanent en charge du domaine de Sécurité au ministère de l’intérieur, Général de Brigade de Police Ndayisaba Richard, un ensemble de mesures a été mis en œuvre :
Élaboration d’une Politique Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes, développement d’un Système d’Alerte Précoce Multirisque, mise en place d’une salle de veille opérationnelle pour la surveillance des menaces environnementales, promotion de la gouvernance du risque, intégrée dans la planification du développement.
Par ailleurs, des dispositifs d’anticipation sont en place, par exemple via la Burundi Red Cross Society et des initiatives de financement fondées sur les prévisions (Forecast-based Financing) pour les inondations.
« Investir dans la résilience plutôt que dans la gestion des catastrophes » C’est le thème retenu pour 2025. Il traduit une transition stratégique, revenons-y : prévenir plutôt que guérir. La résilience ne se limite pas à des réponses rapides après la catastrophe ; il s’agit de bâtir des infrastructures durables, d’éduquer les populations à la gestion des risques, d’assurer une coordination interinstitutionnelle efficace, et de mobiliser des ressources nationales et internationales en faveur de l’anticipation et de l’adaptation.
L’argument est aussi économique. Par exemple : dans un contexte de perte annuelle de sols et de rendements agricoles menacés, le coût de l’inaction augmente. Le développement durable passe par la réduction des vulnérabilités.
Appel à la responsabilité collective
Le gouvernement lance un appel solennel à : tous les partenaires techniques et financiers, la société civile, les médias, les confessions religieuses, les collectivités locales et les citoyens, à unir leurs efforts.
La recommandation selon Ndayisaba, est que la résilience est l’affaire de tous. Il s’agit notamment d’éviter les constructions anarchiques dans les zones inondables ou exposées aux glissements, promouvoir une culture de prévention au niveau communautaire, renforcer les capacités institutionnelles et locales pour intégrer la gestion des risques dans tous les secteurs (agriculture, infrastructures, santé, éducation).
Le message est simple mais exigeant : il faut déplacer les priorités. Au Burundi, la stratégie choisie est celle de la résilience, investir en amont pour que les catastrophes aient moins d’impact au lieu de systématiquement subir, réagir, reconstruire. C’est un impératif national et mondial : car les défis ne connaissent pas de frontières. C’est donc bien un appel à l’action concertée, à la mobilisation, à l’anticipation. Le temps de la prévention est maintenant.



