
Un gamin, des blagues à la pelle, et une salle qui plie. Marcellin Eucon… remember the name, tu risques de l’entendre longtemps.
Samedi 28 juin, salle comble à l’Institut Français de Bujumbura. Le public est venu pour le show de Marcellin Eucon, mais d’autres humoristes, comme Hypolite Bakari — autre figure montante de la scène burundaise — sont aussi là pour lui chauffer la salle et l’accompagner.
Son spectacle, « Journal Intime », produit par Kakel Studio, n’a rien d’un carnet à fleurs. C’est Bwiza brut. Ce quartier populaire qui l’a vu naître, grandir, observer. Rien n’échappe à son œil. Ni les voisins trop bruyants. Ni les galères ordinaires. Ni les amours à crédit. Ni les contradictions d’une ville qui boite et qui rêve.
Il balance tout. Avec l’énergie nerveuse de ses 16 ans. Avec la lucidité d’un vieux qui en aurait vu d’autres. Les rires fusent. Parfois gênés. Parce que sous la blague, il y a le miroir. Et chacun s’y croise.
Ceux qui le suivent le savent. Marcellin n’est pas un gamin tombé là par hasard. À 12 ans déjà, il montait sur scène. Frêle silhouette, accent congolais bien trempé. Depuis, la voix a mué. Les traits se sont affirmés. Et le public grandit avec lui.
Mais Marcellin, ce n’est pas que de la vanne. C’est une présence. Une façon de tenir la scène. De doser les silences. De rebondir sur un regard, un soupir, un éclat de voix. Il improvise. Il capte. Il percute.
Le show se fait plus tendre quand il parle d’amour. Pas de grandes théories. Juste ses maladresses, ses hésitations d’ado. Et cette pudeur qui glisse toujours sous le rire.
Depuis ses débuts, il a franchi les frontières. Bujumbura, Goma… Le gosse de Bwiza trace sa route. Avec une certitude : il n’est plus une promesse. Il est un nom.
À la sortie, une spectatrice souffle, mi-sérieuse, mi-amusée :
— « À son âge, moi, je cherchais comment tricher aux interros… Lui, il fait des spectacles. »
Il a 16 ans. Mais sur scène, il marche déjà comme un grand.