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A propos de « Ya Ngabire » - IRIS NEWS

Guillaume Muhozaseptembre 3, 2024
Ya Ngabire 1

Jardin Public, dernier jour d’août 2024. Musique à tout rompre, marée humaine. Un océan de visages juvéniles surdopés par l’ambiance euphorique. Ils sont venus en masse pour célébrer la finale de la deuxième édition du concours Ya Ngabire. Revenons-y! 

Il y a une année nos confrères de Yaga lançaient le concours de talents « Ya Ngabire ».

Selon Armel Uwikunze, représentant légal de Yaga, ce concours se fait fort “de promouvoir les talents des jeunes, et de leur montrer que Yaga croit en leur potentiel et soutient leurs rêves.” 

Malgré un nom quelque peu maladroit (c’est mon avis, hein!), le concours Ya Ngabire, en deux éditions, s’est déjà   imposé à grand renfort d’une promotion énergique, limite tapageuse, comme une référence incontournable dans le paysage   culturel burundais, comblant le vide laissé par l’ancien Primusic.

Dès sa première édition, Ya Ngabire a mis   les petits plats dans les grands, proposant un événement riche en couleurs. De la   phase de sélection à la finale en passant par les demi-finales, chaque étape a été marquée par une organisation sans faille   et une communication efficace grâce à une  communauté de jeunes créateurs mobilisée : des vlogueurs, graphistes, et photographes, tous unis autour d’un projet commun. 

Jeunesse en feu, horloge en panne

Ce 31 août 2024 donc, la finale du concours a une nouvelle fois ébloui le public, rivalisant avec l’édition précédente malgré quelques ajustements. Quitté le cadre feutré du Lycée SOS, l’événement de cette année a pris ses quartiers dans le grand air du Jardin Public. 

Si l’enveloppe du gagnant a été revue à la baisse, passant de 15 à 7 millions Fbu, la qualité des prestations n’a pas souffert.

Pour assurer le bon déroulement de cette manifestation culturelle, pas moins de 300 jeunes volontaires ont été mobilisés, une occasion unique pour eux de se former aux rouages de l’événementiel.

L’horloge affiche 16h15 lorsque le spectacle s’ouvre enfin. Un retard qui ne manque pas de susciter quelques murmures dans l’assistance. Un spectateur étranger, assis à mes côtés, s’exclame avec étonnement : « Pourquoi au Burundi ne respecte-t-on pas l’heure ? On nous avait pourtant annoncé un début à 14h. » Une question à laquelle je préfère ne pas répondre.

Les huit finalistes qui ont su se démarquer parmi les 290 candidats initiaux livrent bataille pour deux heures, chacun démontrant ce qu’il a dans sa besace. Face à eux, un jury redoutable : Hosiane Irakoze, promotrice de la plateforme médiatique Siren Vibes TV, Big Zoë, le parrain du rap gospel urbain, et Anaïs Niragira, qui s’est fait connaître dans l’univers de l’entertainment comme maîtresse de cérémonies et présentatrice télé incontestée.

Parmi les moments forts de la finale, citons les prestations marquantes des artistes en vogue chez les jeunes notamment Monna Walda, Dj Philbyte, Victorious Team, Gusto Melanin Boy et son ancien acolyte au sein du groupe We Love Music, Dj Fernando, qui a lui aussi brillé de mille feux.

Au terme de cette soirée riche en émotions et haute en couleurs, le verdict final: Saz Da Great est sacré grand vainqueur, remportant le premier prix de 7 millions Fbu.

Aimée- Marie Consolatrice Ngendakumana candidate venue de Ngozi, et Fiston Ndikumana complètent le podium, rentrant avec respectivement 5 millions et 2 millions Fbu. 

Saluant l’organisation de cet événement, le représentant du  Ministère de la Solidarité, Mélance Kirura, a souligné le potentiel créatif de la jeunesse burundaise.

Pour lui, il est essentiel d’aller au-delà de la simple récompense financière et de mettre en place des dispositifs d’accompagnement pour aider ces jeunes talents à se professionnaliser et à construire un avenir durable dans le secteur culturel au-delà même du Burundi. 

Qui est Saz da Great, le gagnant de Ya Ngabire ? 

Le flow urbain de Saz da Great est trompeur. Il ne te laisserait jamais croire qu’il est originaire de Cankuzo, l’une des provinces les moins développées du Burundi. Mais, selon lui, le rap est universel. N’importe qui – de la ville ou de la campagne – peut s’y prêter et exceller.

A 26 ans, Saz da Great affirme qu’il s’est toujours rêvé en  Tupac burundais. Sa passion pour la musique, poursuit-il, tient en ces mots : « s’exprimer, être le porte-parole du peuple, divertir les gens, et ensuite vivre de sa passion. »

Au Lycée SOS Bujumbura, c’est là qu’il a commencé à écrire ses propres chansons. Un poème par-ci, un texte de rap par-là. Une passion pour les textes rimés qui se verra catalysée entre 2012 et 2014, à la primetime de l’émission musicale Top Ten Tube de la Radio Bonesha FM  animée à l’époque par le journaliste vedette, Davy Carmel Ingabire. 

Saz da Great entrera plus tard dans l’industrie musicale sur la pointe des pieds. Il commence par faire des défis de chansons ici et là sur les réseaux sociaux à partir de 2017, l’auteur de 5 morceaux solo et de tant d’autres collaborations avec d’autres jeunes artistes verra son talent enfin être reconnu sur une grande plateforme lors du concours musical « We Got Talents : Singing & Rap » organisé sur Instagram par Nella Neth, influenceuse burundaise installée en Suède.

Selon ce fils de Buhumuza, à l’Est du Burundi, le rap est le genre musical le plus sacré. « Est-ce que d’autres genres musicaux me permettraient d’écrire des textes aussi longs que le rap ? Les autres styles musicaux, tu fais 10 phrases, tu es sûr d’avoir déjà perdu tes auditeurs, c’est pour ça que j’aime le rap. C’est un style engagé, c’est vivant, c’est l’expression libre d’une âme », défend-il, même s’il n’exclut pas la possibilité de faire d’autres styles musicaux. Mais où trouve-t-il l’inspiration ? Quant à l’inspiration, elle est ambiante, « Elle est partout dans l’air, dans la vie des gens, c’est l’inspiration qui me vient et jamais le contraire », assure-t-il.

Saz da Great, diplômé en statistiques à l’Université du Lac Tanganyika, est auteur de plus de 10 tubes en solo, et plusieurs autres, en collaboration avec d’autres artistes. 

 



 

 

 

Guillaume Muhoza


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