C’est acté : Etienne Ndayiragije quitte la selection nationale - IRIS NEWS

Guillaume Muhozaoctobre 25, 2024
Etienne 3

La messe est dite et les carottes cuites. Etienne Ndayiragije n’est plus le maître d’œuvre des Hirondelles, la sélection nationale burundaise. Cette séparation, orchestrée dans l’harmonie, met un point final à une aventure marquée par des résultats en demi-teinte : seulement 4 victoires en 15 rencontres, jalonnées de 8 défaites et 3 nuls, avec un total de 17 buts inscrits contre 30 encaissés.

 

Arrivé en janvier 2023, Ndayiragije avait été convié à la tête de l’équipe en provenance de Bugesera FC, au Rwanda. Son sommet, il l’avait touché avec les Taifa Stars de Tanzanie, et il avait égrené son expérience sur les bancs de Mbao FC, Azam FC, KMC et Geita Gold FC. Dans le championnat rwandais, il avait également laissé sa trace chez Rayon Sport et Kiyovu FC.

Sa direction n’a pas fait l’unanimité

Les vingt mois passés à la tête de l’équipe nationale ont été semés d’embûches. Ndayiragije, esprit indépendant et opiniâtre, a souvent froissé son entourage, entraînant des frictions avec son staff et ses joueurs.

La rupture la plus retentissante est survenue après la défaite 3-0 contre le Cameroun le 12 septembre 2023. Ce match, marqué par une première mi-temps largement dominé pas les Hirondelles, les a vus pourtant échouer à capitaliser sur de belles occasions, butant sur un André Onana des grands soirs. Résultat final : défaite 0-3. Si la victoire avait souri, le Burundi aurait goûté une seconde fois à la CAN.

Vague de départs

Suite à ce revers, une vague de départs a secoué le staff : Patrick Sangwa, entraîneur adjoint, et Valéry Nahayo, capitaine emblématique devenu analyste vidéo, ont quitté le navire, rejoignant Mutima Constantin, manager de la séléction et Hassan Mpawenimana, kit manager, qui avaient déjà pris les devants.

Un mois plus tard, lors d’une interview le 31 octobre, Ndayiragije s’est proclamé maître à bord, exigeant soumission et allégeance à son autorité. Plus tard, un audio troublant, diffusé par un ancien kitmanager, l’a accusé de choisir ses joueurs selon des critères obscurs évoquant des accords douteux où certains seraient prêts à céder une partie de leurs frais de mission.

Il insinuait également des pratiques d’une division sournoise parmi ses protégés en créant des joueurs favoris et des mal-aimés. Lorsque nous avons tenté d’éclaircir la situation en appelant le coach, il avait balayé ces accusations d’un revers de main, qualifiant ceux qui parlent derrière son dos de simples saboteurs.

Les murmures de mécontentement des joueurs non sélectionnés se sont intensifiés, alors que Ndayiragije ne se privait pas d’écarter des figures marquantes de l’équipe. On se remémore les décisions controversées qui ont conduit à l’éviction du capitaine Saido Berahino, du gardien numéro un Onesime Rukundo et du maître du couloir gauche, Marco Weymans. Ces joueurs, pourtant solidement ancrés dans l’équipe, voient leur statut contesté dans un climat où la confiance vacille.

Mohammed Amissi, étoile montante du football burundais, se retrouve désormais éloigné de l’équipe nationale, ou lorsqu’il est appelé, il ne foule même pas la pelouse. Pour lui, c’est un affront : il se sent trahi et pense mériter sa place si le coach était juste.

Derrière tout ce tohu-bohu, il est difficile de croire tout ce qui se murmure sur le coach Etienne Ndayiragije. Pourtant, les résultats parlent d’eux-mêmes, traçant une ombre sur son mandat.

En tant que journaliste et supporter de notre équipe nationale (qui ne l’est pas ?), je me pose quelques questions brûlantes :

  1. Qui, enfin, sortira le football burundais de cette médiocrité qui semble figée depuis des décennies ?
  2. Avons-nous vraiment un technicien burundais capable d’élever notre équipe nationale au sommet, ou est-il temps de faire appel à un expert international, aguerri et sans compromis ?
  3. Les récentes performances éclatantes des équipes de basketball burundaises dans les compétitions continentales ne devraient-elles pas inspirer le football à suivre cette dynamique de réussite ?
  4. La qualification à la CAN en 2019 a montré que l’équipe nationale pouvait unir les Burundais au-delà des clivages socio-politiques. Pourquoi ne pas investir pour continuer à offrir de la joie à notre peuple ?

Etienne Ndayiagije part mais une certitude demeure : l’équipe nationale mérite mieux. Elle mérite un engagement sincère, un professionnalisme à la hauteur de son potentiel et une unité retrouvée, capable de porter haut les couleurs du Burundi sur la scène internationale. Les fans attendent un renouveau, un souffle d’espoir pour un avenir plus radieux.

 

Guillaume Muhoza


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