
Neuf octobre 2025. Bujumbura s’était levée tôt, pour honorer ce grand jour de ferveur nationale. Après trois ans d’exil forcé sur des pelouses étrangères, les Intamba mu Rugamba retrouvaient enfin leur nid : le Stade Intwari, fraîchement rénové, vibrant au rythme des tambours, des chants et des drapeaux.
Dès 10h, les rues adjacentes au stade étaient noires de monde. L’accès aux différentes entrées était bondé, notamment du côté de l’École française et près du siège de la FFB. À l’intérieur du stade, c’était un volcan : vuvuzelas, danses, hymnes improvisés. Club Intamba Fans assurait la chorégraphie, les cœurs battaient à l’unisson. Le retour des Hirondelles devait être une fête. Chaque gradin respirait la fierté d’un peuple qui a littéralement contribué, par ses cotisations et ses bras, à rebâtir ce stade symbole.
Un match sous haute tension
Mais la joie a vite viré à la frustration. Dès la deuxième minute, Bonfils Caleb Bimenyimana, lancé vers le but kenyan, heurte le gardien Brian Bwire. Le choc est rude, le carton rouge immédiat. Trop immédiat, selon beaucoup. Réduits à dix, les Burundais jouaient dès lors en mode survie. Malgré une domination territoriale et un public incandescent, l’équipe de Patrick Mayani s’est inclinée sur une frappe somptueuse de Ryan Wesley Ogam à la 73e minute. Une praline en lucarne, imparable, qui a scellé le destin du match.
« Si la VAR existait ici, ce rouge n’aurait jamais été sorti », grince le sélectionneur Mayani, amer. Même son de cloche du capitaine Christophe Lucho Nduwarugira : « C’était un contact normal entre un attaquant et un gardien, comme on en voit souvent. L’arbitre a été trop sévère. »
Un autre incident marquant du match fut la faute sur Jean Claude Girumugisha, dit Musauza, qui n’a valu qu’un carton jaune à son auteur, alors que beaucoup réclamaient un rouge.
Le coach burundais a plaidé pour une modernisation urgente des infrastructures africaines : « On ne peut plus jouer à l’aveugle. Il faut des outils pour juger justement. »
La réaction du sélectionneur kenyan : “Je ne suis pas venu pour ce genre de football”
Du côté kenyan, l’ancien buteur de Porto (vainqueur de la Ligue des champions 2004) et ex-entraîneur des attaquants de Manchester United, aujourd’hui à la tête des Harambee Stars, Benni McCarthy, a salué la victoire tout en dénonçant un jeu qu’il a jugé “trop agressif”. « Je ne suis pas venu pour ce genre de football, mes joueurs étaient en danger », a-t-il lancé, avant de tempérer, dans un esprit sportif : « Vous avez des joueurs talentueux et une belle équipe. »
Un avenir prometteur
Ce premier match sur la pelouse rutilante de l’ex-Prince Louis Rwagasore, rebaptisé Intwari, n’aura donc pas offert le scénario rêvé. Mais au-delà du score, le symbole reste puissant. Les Burundais ont retrouvé leur maison, leur équipe, leur fierté. Et si la soirée s’est achevée sur un goût amer, elle marque un nouveau départ.
L’engagement du public et la combativité de l’équipe seront des bases solides, comme Patrick Mayani l’assure : « Ce n’est qu’un début. Nous irons chercher la qualification pour la CAN 2027. »
Sous les projecteurs du nouveau Stade Intwari, entre passion, polémiques et promesses, les Intamba mu Rugamba ont perdu un match. Mais regagné un peuple.