Iris News, the media of possibilities

LA UNE
R1325-1

Aline, Francine, Janvière, … les visages de la mise en oeuvre de la Résolution 1325 au Burundi 

Lievin Niyogusenganovembre 15, 2025

 

La célèbre résolution des Nations Unies sur les Femmes, la Paix et la Sécurité a été adoptée l’an 2000. Au-delà des textes et des chiffres, sa mise en œuvre au Burundi a abouti à des réalisations et des success stories qui ne se comptent plus sur le doigt. De quoi célébrer les 25 ans sur une bonne note malgré les quelques défis qui restent à surmonter.

Le moment des témoignages aura sans doute été le plus marquant de la célébration des 25 ans de la mise en œuvre de la Résolution 1325, ou R1325, au Burundi. En effet, le bilan des réalisations de cette mise en œuvre, tant sur le plan politique que législatif, est déjà salué. Mme Rosalie Nahishakiye, Secrétaire permanente au Ministère de la Justice, Clara Anyangwe, Représentante pays d’ONU Femmes au Burundi et Coordinatrice a.i du système des Nations Unies au Burundi, ainsi que d’autres partenaires, y sont longuement revenus au cours de la célébration.

Aline, Francine, Jacqueline, … des championnes toutes faites R1325

Pour une digne célébration des 25 ans de la mise en œuvre de la R1325, une séance de témoignages était au programme. Par cette occasion, on ne parle pas de décret, ni de plan d’action. C’est plutôt, un moment donné à quelques femmes pour parler comment leur vécu s’est amélioré grâce aux fruits de la R1325.

Elles, ce sont les membres du réseau des femmes médiatrices – Abakanguriramahoro, un projet mis en œuvre par ONU Femmes et d’autres partenaires sur le renforcement du rôle des femmes dans les processus de paix.

Toutes partagent un point commun : elles ont, entre autres, bénéficié du renforcement de capacités dans la résolution pacifique des conflits, dans la participation politique et même dans l’autonomisation socio-économique.

Nibigira Francine, une leader incontestée

Des témoignages très captivants de ces femmes, retenez celui de Nibigira Francine. Pour sa bravoure dans la gestion de la coopératives Abakanguriramahoro de sa localité, cette native de Cibitoke se verra poussée à se présenter aux élections collinaires.

En lice avec 9 candidats hommes, Nibigira était hésitante. Ses efforts durant la campagne électorale étaient limités, dit-elle… Pourtant, dans les coulisses, ses consœurs, convaincues par son leadership s’occupaient de tout : production, à sa surprise, d’un chant de campagne, appui collective à une propagande bouche à oreille, et, au final, elle va remporter une victoire facile et éclatante.

Aujourd’hui, son leadership est incontesté et, par-là, Nibizi confie être fière de la forte mobilisation des membres de sa communauté, les femmes en particulier, dans le développement de sa colline.

Nibizi Jacqueline, une rapatriée pas comme les autres

Elle aura été la plus applaudie par l’audience. Nibizi est née au camp des réfugiés en Tanzanie. C’est depuis-là même qu’elle devient veuve, juste à 3 enfants. A l’annonce du programme de rapatriement, elle y adhère timidement. Arrivée au pays, elle s’installe à Karonda à Rumonge, chez son beau-père.

Voici alors que la vie devient trop précaire pour elle : presque sans-abri, elle n’a pas de moyens nourrir ses enfants, etc. Le soleil se lèvera pour elle le jour où l’équipe des femmes Abakanguriramahoro est venue lui porter secours. A sa surprise également, une maison rien que pour elle l’attendait. Elle va intégrer le groupe par après et suivre tout son programme.

Et c’est parti pour elle ! Grâce à son adhésion dans le réseau des femmes Abakanguriramahoro, Nibizi est une femme épanouie, conseillère collinaires, représentante du Forum des femmes sur sa colline, entre autres.

Aline Nshimirimana, une twa championne

Nshimirimana est, quant à elle, issue de la communauté des Batwa de Ruyigi. Bénéficiaire elle aussi du programme de l’Onufemmes à travers l’association Uniproba, elle salue la grande transformation qui l’a menée jusqu’au poste de conseillère collinaire, en plus d’autres initiatives génératrice de revenus qu’elle entreprend à succès.

Issue d’une communauté de Batwa souvent marginalisée, Nshimirimana est très fière de contribuer aux affaires collinaires et affirme traiter chacun avec bienveillance.

Nimbona Janvière, l’obstinée

L’histoire de Nimbona comence par des chapitres les plus tristes. Elle, c’est tout d’abord une fille qui grandit orpheline avec un tuteur qui la maltraite dans tous les sens. Elle se marie par après mais, son mari meurt aussitôt. Veuve, elle choisit de se remarier, à un mari qui ne lui rendra pas la vie aussi douce, malheureusement.

Six enfants à la charge, cette native de Bukemba à Rutana opte par l’adhésion aux coopératives et bien à d’autres initiatives similaire. Son plan, c’est de conquérir l’autonomie financière à tout prix et par elle-même. Parmi tous les recours qu’elle a eu durant sa lutte, Nimbona vante son adhésion dans Abakanguriramahoro comme le plus meilleur. De la réalisation des projets agricoles à l’implantation d’une boutique, … Nimbona est aujourd’hui une femme souriante et pleine  d’espoir.

Des réussites, certes, mais aussi des défis tenaces

Si les réussites de la R1325 sont une réalité, quelques défis persistent aussi. Carsten Holscher, Ambassadeur d’Allemagne au Burundi, y est revenu particulièrement. « Bien que ce jour devrait être un jour de célébration, il est nécessaire de souligner que la mise en œuvre de l’agenda Femmes, paix et sécurité traverse actuellement une période difficile, notamment en raison de la diminution des financements et de la remise en question de la part de certains États membres clés de l’ONU. », a-t-il alerté.

Pire encore, tandis que les financements diminuent, le diplomate allemand évoque la persistance de conflits armés qui affectent de nombreuses populations et entraînant des violences sexuelles liées aux conflits pour femmes et les filles particulièrement.

D’autres intervenants ont, quant à eux, relevé la faible participation des femmes aux processus de paix et de sécurité, ainsi que leur sous-représentation dans les postes décisionnels malgré les avancées.

Pour Clara Anyangwe, « la Résolution 1325 a été adoptée cela fait 25 ans, mais elle demeure un engagement collectif : celui de veiller à ce que les femmes, partout, soient protégées, écoutées, représentées et soutenues dans la construction des sociétés plus pacifiques, plus justes et plus résilientes. »

Légende photos :

  1. M. Carsten Holscher, Ambassadeur d’Allemagne au Burundi
  2. Mme Clara Anyangwe, Représentante Pays d’ONU Femmes au Burundi

 

 

 


Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *